L’Occitanie premier bassin national de production de lait de brebis

L’Occitanie, et plus particulièrement les départements de l’Aveyron et du Tarn, représentent le premier bassin national (France métropolitaine) de production de lait de brebis, dominé par la production en AOP Roquefort. Les exploitations ovins lait occitanes occupent une place de premier plan au niveau national avec 45 % des effectifs, 58 % du cheptel, 54 % des ETP, 60 % de la PBS et 67 % de la SAU. De manière générale depuis 2010, le nombre d’exploitations est en baisse, la SAU diminue très légèrement alors que le cheptel reste stable. Au-delà du renouvellement partiellement assuré et du vieillissement de la population des exploitants, les exploitations sont de taille économique plus importante, sous forme majoritaire de GAEC, avec une production laitière en hausse.

Différentes spécialisations au sein des exploitations ovines occitanes

Les exploitations ovines spécialisées

L’Occitanie avec ses 5 070 exploitations ovines spécialisées est la première région de France devant la région Nouvelle-Aquitaine qui en possède quant à elle 4 314, et Auvergne-Rhône-Alpes avec 2 278 exploitations. La région Occitanie subit une baisse du nombre d’exploitations ovines entre 2010 et 2020 mais moins importante que le niveau national (- 21 % contre - 30 %). L’Occitanie représente à elle seule près d’un tiers (30 %) des exploitations ovines spécialisées métropolitaines.

En 2020, en Occitanie, elles représentent 8 % des exploitations, contre 12 % en 2010. L’importance de l’élevage ovin se mesure principalement dans le département de l’Aveyron qui en compte le plus grand nombre (1 712 soit 34 % des exploitations ovines régionales), suivi du Tarn avec 634 élevages ovins (soit 13 %). 22 % des exploitations d’Aveyron sont des exploitations ovines spécialisées, suivi de la Lozère avec 17 % et l’Ariège avec 15 %. La moyenne nationale des départements français est de 9 %.

Les différentes spécialisations

Au sein des exploitations ovines spécialisées, quatre spécialisations dont deux principales peuvent être identifiées : lait et viande. Les exploitations mixtes et les ateliers d’engraissement complètent ce total.

Figure 1 : Répartition des différentes spécialisations ovines nationales et occitanes en 2020

Au niveau national, on retrouve trois quarts d’exploitations spécialisées viande, 22 % lait, 2 % d’ateliers d’engraissement et 1 % d’exploitations mixtes.

En Occitanie, on retrouve également ces spécialisations où les élevages spécialisés « viande » dominent moins mais représentent tout de même 3 188 exploitations soit 63 % du total et les élevages spécialisés « lait » avec 1 737 exploitations soit 34 % du total (Cf. Figure 1). De manière très minoritaire, on retrouve des exploitations mixtes au nombre de 68 soit 1 % du total et 77 ateliers d’engraissement soit 2 %.

Tableau 1 : Principales caractéristiques des différentes spécialisations ovines d’Occitanie en 2020Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées. Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

Spécialisations

Lait

Viande

Mixte

Engraissement

Nombre d’exploitations 1 737 exploitations 3 188 exploitations 68 exploitations 77 exploitations
Effectif ovins moyen 573 têtes 266 têtes 833 têtes 1 233 têtes
Effectif brebis moyen 387 têtes 174 têtes 543 têtes 0
SAU moyenne 120 ha 71 ha 148 ha 44 ha
PBS moyenne 148 581 € 61 978 € 194 509 € 108 244 €
ETP moyen 2,3 ETP 1,2 ETP 2,7 ETP 1,5 ETP

Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées. Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

Les exploitations ovins lait et mixtes

Dans cette étude, nous nous intéressons plus particulièrement aux élevages d’ovins lait mais également aux ateliers mixtes.

Recul du nombre d’exploitations mais un cheptel relativement stable

Au niveau national, en ce qui concerne les exploitations spécialisés ovins lait, on observe que la production laitière se concentre principalement dans le quart Sud-Ouest. En effet, 85 % des exploitations s’y trouvent. Dans le détail, l’Occitanie se classe première région en termes de nombre d’exploitations avec 45 % du total national, devant la Nouvelle-Aquitaine avec 1 550 exploitations (soit 40 %). Cette dominance du quart Sud-Ouest s’explique par l’existence des deux principaux cahiers des charges ovins lait : l’AOP Roquefort pour l’Occitanie et l’AOP Ossau-Iraty pour Nouvelle-Aquitaine. Enfin, la Corse complète le classement avec 350 exploitations (soit 7 %).

Figure 2 : Effectifs des exploitations ovines laitières en 2010 et 2020

Champ : Occitanie et France métropolitaine, exploitations ovines spécialisées viande.
Source : Agreste - Recensements agricoles 2010 et 2020.

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Effectifs des exploitations ovines laitières en 2010 et 2020
20102020
Occitanie 2 184 1 737
Nouvelle-Aquitaine 1 876 1 550
Corse 314 281
Reste des régions 97 159
Auvergne-Rhône-Alpes 67 107

De manière générale, les élevages laitiers reculent avec une diminution de 447 élevages (- 20 %). La baisse est plus légère pour les élevages mixtes (perte de 19 exploitations soit - 12 %). A titre de comparaison, les élevages allaitants sont en net recul avec une perte de 40% des élevages en 10 ans.

Carte : Nombre d’exploitations spécialisées ovins lait (gauche) et mixtes (droite) en Occitanie en 2020

Tableau 2 : Répartition des élevages laitiers et mixtes au sein des départements occitans en 2020Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées lait et mixtes. Source : Agreste - Recensement agricole 2020. Note de lecture : Les pourcentages représentent la part de ces exploitations du département dans le total régional

Départements

Exploitations ovins lait

Exploitations mixtes

Aveyron 1 170 (67 %) 34 (50 %)
Tarn 256 (15 %) 17 (25 %)
Lozère 167 (10 %) 4 (6 %)
Reste des départements 144 (8 %) 13 (19 %)

Note de lecture : Les pourcentages représentent la part de ces exploitations du département dans le total régional
Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées lait et mixtes.
Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

Figure 3 : Nombre d’exploitations ovines laitières selon la classe du nombre de brebis détenues en 2020

Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées lait. Source : Agreste - Recensements agricoles 2010 et 2020.

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Nombre d’exploitations ovines laitières selon la classe du nombre de brebis détenues en 2020
20102020
Moins de 50 47 8
50 - 100 58 29
100 - 200 289 76
200 - 300 617 177
300 - 500 809 593
500 - 1000 347 669
Plus de 1000 17 185

En dix ans, une augmentation du nombre de brebis au sein des exploitations ovines laitières occitanes est observée. Les élevages ayant plus de 500 brebis, minoritaires il y a 10 ans, ont fortement augmenté (près de 1000 % pour les élevages de plus de 1 000 brebis) pour atteindre 854 exploitations (soit 490 de plus qu’en 2010). La part de ces exploitations s’est accrue de 33 points passant de 17 % à 50 %. Leur importance est d’autant plus prégnante du fait qu’elles concentrent 70 % du cheptel (contre 33 % en 2010).

En revanche, les élevages de moins de 500 brebis reculent nettement (par exemple - 83 % pour ceux de moins de 50 brebis ou - 71 % pour ceux ayant entre 200 et 300 brebis). Cette tendance est aussi observée au niveau national.

Au niveau national, les Pyrénées-Atlantiques est le premier département pour les élevages laitiers avec 1 514 élevages. A noter que 6 départements occitans se trouvent dans les 10 premiers possédant le plus d’élevages laitiers.

Pour ce qui concerne le cheptel laitier des exploitations laitières et mixtes, l’Occitanie se classe en première position avec 689 053 brebis laitières (57 %) devant la Nouvelle-Aquitaine avec 415 254 brebis laitières (34 %).

Figure 4 : Effectif en nombre de têtes des exploitations ovines laitières par département en 2020

Au niveau régional, comme le montre la Figure 4, l’Aveyron domine le cheptel laitier avec 734 933 têtes dont 493 714 brebis laitières (72 %) devant le Tarn avec 155 181 têtes dont 98 833 brebis laitières (14 %).
La spécialisation lait concentre la moitié des têtes ovines de la région (3 % pour les élevages mixtes). Sur les dix dernières années, l’élevage laitier est quasiment stable en termes de cheptel (- 0,3 %).

En Occitanie, en moyenne un cheptel ovin lait est composé de 573 têtes dont 383 brebis laitières. Pour les élevages mixtes c’est en moyenne 833 têtes dont 543 brebis.

En moyenne les cheptels ont augmenté de 112 têtes dont 47 brebis pour les élevages laitiers. C’est plus 165 têtes pour les mixtes dont 31 brebis.

Des surfaces en légère baisse, des exploitations qui s’agrandissent

Les exploitations ovines d’Occitanie occupent 447 197 hectares de SAU, c’est 6 % de moins (29 980 ha) qu’en 2010. Les exploitations laitières représentent 47 % de la SAU totale des exploitations ovines régionales, c’est 2 % pour les mixtes. Toutes spécialisations confondues, la SAU des exploitations ovines représentent 14 % de la SAU régionale.

L’Aveyron est le département français avec la plus grande SAU laitière (135 643 ha), représentant 44% du total national. Au niveau régional 65 % de la SAU des exploitations lait se trouve en Aveyron, suivi de la Lozère avec 30 914 ha (15 %).

La SAU moyenne des exploitations ovines laitières occitanes est 120 ha en moyenne (+ 19 ha en 10 ans) contre 78 ha au niveau national (+ 9 ha en 10 ans). C’est 148 ha pour les mixtes (96 ha au niveau national).

Figure 5 : Nombre d’exploitations ovines laitières selon la catégorie de SAU en 2010 et 2020

Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées lait. Source : Agreste - Recensements agricoles 2010 et 2020.

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Nombre d’exploitations ovines laitières selon la catégorie de SAU en 2010 et 2020
20102020
Moins de 25 ha 122 45
25 - 49 ha 430 224
50 - 74 ha 525 347
75 - 99 ha 350 344
100 - 149 ha 390 385
150 - 199 ha 145 163
200 ha ou plus 220 229

En 2010, les exploitations de moins de 50 ha représentaient près d’un quart des exploitations. 10 ans plus tard ce n’est plus que 15%. A l’opposé les exploitations de plus de 100 ha ont progressé de 10 points en 10 ans, passant de 35 % à 45 %. La Figure 5 permet de mettre en évidence la stabilité des effectifs des exploitations de plus de 75 ha et le fort recul de celle de 74 ha et moins.

Des prairies permanentes en net recul et plus de céréales

Figure 6 : Répartition des cultures des exploitations ovines laitières en 2010 et 2020

Au niveau de l’assolement, la SAU, en 2020, est composée à 84 % de cultures fourragères et de surfaces toujours en herbe (STH), soit 175 571 hectares, dont 54 % de prairies permanentes (soit 95 014 hectares). Les céréales viennent compléter les surfaces avec 31 396 hectares soit 15% de la SAU. Les autres surfaces restent très marginales comme les oléagineux ou les protéagineux avec un peu plus de 340 hectares. Ces pourcentages ont très peu évolué en 10 ans. Alors que ces exploitations ont perdu 8 % de leurs cultures fourragères, la part des céréales augmente de 2 %.

Les exploitations ovines laitières et mixtes concentrent 11 % des cultures fourragères et de la STH régionale.

Dans le détail, les exploitations laitières concentrent 63 % des surfaces en céréales (ensemble des exploitations ovines). Les céréales sont autoconsommées et indispensable pour compléter la ration des brebis laitières et permettre une autonomie en céréales de l’atelier d’élevage.

Au sein des exploitations ovines laitières, le chargement est de 1 UGB / ha de SFP, il n’a quasiment pas évolué en 10 ans. Il est un peu plus élevé pour les mixtes (1,8 UGB / ha de SFP) où l’on retrouve moins de SFP pour des ateliers ovins plus grands.

Enfin, le recours à des estives concerne seulement 2 % des exploitations laitières occitanes. Elle est loin de sa voisine, la région Nouvelle-Aquitaine, où 68 % des exploitations laitières sont concernées. La transhumance collective est plus répandue dans l’AOC Ossau-Iraty du fait d’exploitations plus petites en surface dans cette région et de la proximité de la ressource des estives.

Une production de lait de plus en plus importante

La production laitière des exploitations ovines est de 2,28 millions de litres de lait en 2022. Ce chiffre est en augmentation depuis 2010 pour atteindre 2,32 millions de litres en 2021 (Figure 7).

Figure 7 : Évolution de la production de lait en hl des exploitations ovines laitières entre 2010 et 2022

68 780 litres servent uniquement à la transformation fromagère à la ferme soit 3 % du total, du fait de la structuration de la filière AOP Roquefort qui n’autorise pas la fabrication fermière. Cela est différent pour la Nouvelle-Aquitaine où 19 % de la production est transformée à la ferme. En effet, le cahier des charges AOP Ossau-Iraty permet cette fabrication.

L’Occitanie représente à elle seule 74% de la production laitière ovine nationale.

Enfin, à partir de ces données, la production laitière annuelle par brebis peut être estimée. Elle est de 341 litres par brebis en 2022 soit une production de presque 2 litres par jour de lactation pour les brebis, essentiellement de la race Lacaune. Il s’agit d’une race régionale particulièrement productive ; sans l’Occitanie, la production annuelle est divisée par deux avec respectivement 182 litres/an et 1,1 litre / jour de lactation.

L’Occitanie, 60 % de la PBS des exploitations ovins lait nationales

La PBS totale des exploitations laitières occitanes est de 258 millions d’euros et représente 60% de la PBS des exploitations laitières nationales.

Tableau 3 : Contribution de la PBS des ovins laitiers et des ovins toutes spécialisations confondues aux différentes PBS régionales en 2020Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées. Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

PBS ovins laitiers (258 millions d’euros)

PBS ovins (478 millions d’euros)

PBS herbivores (1,5 milliards d’euros) 18 % 33 %
PBS productions animales (1,9 milliards d’euros) 13 % 25 %
PBS totale hors viticulture (4,9 milliards d’euros) 6 % 11 %
PBS totale (5,9 milliard d’euros) 4 % 8 %

Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées. Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

Un département, l’Aveyron, se démarque particulièrement, les exploitations ovines laitières représentent 27 % de la PBS départementale, 33 % toutes spécialisations ovines confondues.

Figure 8 : PBS départementales des exploitations ovines laitières (à gauche) et toutes spécialisations confondues (à droite) en 2020

Les exploitations ovins lait d’Aveyron représente 72% de la PBS régionale de ces exploitations, suivi du Tarn avec 15 %. L’Aveyron est également le premier département national en termes de valeur de PBS ovins lait (44 % de la PBS nationale), le Tarn se classe 3ème, on retrouve 9 département occitans dans les 13 premiers.

L’Occitanie est également la région avec les exploitations ovines laitières possédant la PBS moyenne par exploitation la plus élevée avec 148 581 euros (+ 22 601 euros en 10 ans). La moyenne nationale est 111 645 euros. La PBS moyenne des exploitations mixtes est de 194 509 euros.

Tableau 4 : Dispersion de la PBS des exploitations ovins lait d’Occitanie et nationales en 2020Champ : Occitanie et France métropolitaine, exploitations ovines spécialisées lait. Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

1er quartile

Médiane

3ème quartile

Maximum

Ovins lait - Occitanie 94 226 € 133 193 € 185 695 € 621 054 €
Ovins lait - France métropolitaine 61 362 € 98 281 € 144 463 € 1 168 602 €

Champ : Occitanie et France métropolitaine, exploitations ovines spécialisées. Source : Agreste - Recensement agricole 2020.

Sur les 1 737 exploitations ovines spécialisées lait, 35 exploitations sont classés de taille économique micro (2 %), 458 en petite (26 %), 1 059 en moyenne (61 %) et 185 en grande (11 %). En termes d’évolution, seules les grandes augmentent en nombre (+ 67 %) alors que pour les autres dimensions économiques diminuent de manière décroissante : les micros exploitations perdent la moitié de leur effectif, les petites 42 % et les moyenne 13 %.

Les GAEC principal statut

Le statut d’exploitation individuelle s’érode au fil du temps, il perd 54 % de son effectif en 10 ans. Étant le premier statut en 2010 avec 43% des exploitations, il se retrouve en deuxième position avec 25 % des exploitations en 2020. Ainsi, les GAEC acquièrent la première place, du fait de leur augmentation de 46 % de leur effectif pour représenter 60 % des exploitations ovins lait d’Occitanie en 2020. Les EARL, qui représentent 14 % des exploitations (- 9 points en 10 ans), perdent plus d’un tiers de leur effectif (493 en 2010 contre 235 en 2020). Les autres personnes morales (SA, SAS, …) restent stables pour représenter 1 % en 2020.

Figure 9 : Répartition des statuts juridiques au sein des exploitations ovines laitières en 2010 et 2020

Au niveau national, le statut individuel se maintient davantage avec 44 % des exploitations, juste devant les GAEC avec 43%. Concernant les exploitations mixtes, on retrouve les GAEC de manière encore plus importante avec 72 % des exploitations.

Zoom sur les GAEC des exploitations ovins lait

Au nombre de 1 046, ces exploitations possèdent en moyenne 317 brebis laitières. Il est à noter que les GAEC des exploitations ovines laitières représentent 17 % des 6 243 GAEC occitans.
Bien que les GAEC ne représentent que 60 % des exploitations ovines laitières, ils détiennent 71 % des têtes (1 044 124), 74 % de la SAU (152 782 ha) et 72 % de la PBS (185 155 409 euros). La SAU moyenne est de 146 ha pour 84 % de cultures fourragères et STH et 15 % de céréales. La PBS moyenne est de 177 013 euros et logiquement implique des dimensions économiques plus importante avec 70 % de moyennes exploitations, 17% de grandes et 13 % de petites.
L’âge moyen des exploitants est de 47,1 ans. On retrouve 3 ETP en moyenne par exploitation avec 96 % des exploitants travaillant à plein temps. Au vu de l’importance du travail des exploitants (GAEC), la main d’œuvre familiale permanente ne représente que 5 % des ETP, 6 % pour les salariés permanents et 3 % pour les non permanents. L’installation dans un cadre familial représente 85 % des installations des chefs, et les exploitants ont un bac général à 32 % et agricole à 54 %. Enfin, moins répandu le recours aux circuits courts concerne 14 % des exploitations et 22% des exploitations pratiquent une diversification.

Le travail des exploitants à plein temps majoritaire

Les exploitations ovines laitières d’Occitanie emploient 4 464 ETP, c’est 9 % de moins qu’en 2010 ; la baisse est toutefois inférieure à la diminution du nombre d’exploitations. Le nombre d’ETP moyen a progressé de 0,3 point pour atteindre 2,3 ETP en 2020. L’Aveyron concentre 68 % des ETP devant le Tarn avec 15 % et la Lozère 9 %.
La Figure 10 montre que le travail des exploitants domine dans les exploitations ovines laitières avec 81 % des ETP, et a augmenté de 4 points en une décennie, cependant le nombre d’ETP a légèrement diminué avec 153 ETP en moins par rapport à 2010 (- 4 %, principalement du fait de la diminution du nombre d’exploitations). Le recours à la main d’œuvre familiale permanente est moins fréquent et a été divisé par deux (perte de 55 % des ETP en dix ans pour atteindre 8 % des ETP totaux contre 16 % en 2010). De manière opposée, la main d’œuvre occasionnelle est en augmentation de 13 % des ETP et passant de 2 à 3 % des ETP totaux, la tendance est la même pour la main d’œuvre salarié permanente qui s’est développée (augmentation de 72 % des effectifs et passant de 4 % à 8 % des ETP totaux).

Figure 10 : Répartition de la main d’œuvre au sein des exploitations ovines laitières en 2010 et 2020

Dans le détail, 51 % des ETP en spécialisation ovin se trouvent dans les exploitations laitières alors qu’elles ne représentent que 34 % des effectifs. Les ETP des exploitations mixtes ne représentent que 2 % des ETP en spécialisation ovin.
Enfin, un ETP gère en moyenne 51 hectares de SAU et 169 brebis laitières.
Les exploitants travaillent très majoritairement à temps complet sur leur exploitation (96 %), c’est 7 points de plus qu’en 2010, démontrant une professionnalisation toujours plus importante de ces exploitations. Ce taux est porté à 97% pour les exploitations mixtes.

Une population d’exploitants relativement jeune

L’âge moyen des chefs ou coexploitants des spécialisées en ovin lait est de 47,6 ans, et 46,2 pour les exploitations mixtes. C’est inférieur à la moyenne de toutes les exploitations occitanes (52,8 ans). Cependant, la population des exploitants a vieilli en moyenne de 3 ans sur la dernière décennie et de 2 ans pour les exploitations mixtes.

Figure 11 : Âges des exploitants en 2010 et 2020

Au sein des exploitations en 2020, le nombre de chefs d’exploitation ou coexploitants de 40 ans ou moins a baissé de 30 % en 10 ans, cette baisse est encore plus significative pour les élevages mixtes (- 48 %). Le vieillissement se confirme par le fait que ceux ayant plus de 55 ans sont en augmentation de plus d’un tiers.
Quelques signaux de féminisation de la profession sont observés comme la proportion de femme qui augmente de 2 points en 10 ans pour atteindre 30 % en 2020. A noter que le statut de GAEC est celui avec l’âge moyen le plus jeune (47,1 ans).

Un renouvellement incertain et des exploitants s’installant jeunes

En 2020, 381 exploitants ou coexploitants sont âgés de plus de 60 ans. Pour un peu plus d’un tiers d’entre eux le départ à la retraite n’est pas envisagé dans l’immédiat, et ils continueront à travailler au-delà de 60 ans. Pour 26 % d’entre eux, la reprise sera assurée par un membre de la famille, et dans 6 % des cas par un tiers non membre de la famille. Aucune exploitation ne pourrait disparaître au profit de l’artificialisation des terres, mais 2 % pourrait disparaître au profit de l’agrandissement. Enfin, un tiers des exploitants ne savent pas ce qu’il adviendra de leur exploitation.

L’installation a très majoritairement lieu dans un cadre familial (84 % des exploitations), de même pour les élevages mixtes avec 79 %. A titre de comparaison, la moyenne pour les exploitations occitanes est de 10 points inférieure. Pour les moins de 40 ans la différence est même de 13 points (80 % dans un cadre familial en ovins lait contre 67 % globalement). Ces résultats démontrent que la reprise familiale de ces exploitations est privilégiée, elles conservent un attrait à la fois économique et un avantage à la reprise dans un cadre familial (moindre capital à investir).

L’âge moyen à l’installation (des chefs d’exploitation, hors coexploitants) sur la période 2010-2019 est de 30,1 ans, jeune âge comparé à la moyenne de 39,1 ans observée de manière générale dans la région. 90 % des installés ont moins de 40 ans. L’installé est légèrement plus jeune dans les exploitations mixtes avec 29,3 ans. A titre de comparaison, il est de 37,2 ans dans les exploitations ovines allaitantes.

Des exploitants de mieux en mieux formés

En 2020, 30 % des exploitants ont un diplôme de l’enseignement général (c’est un peu moins que la moyenne de l’ensemble des exploitations occitanes qui est de 37 %), mais c’est 10 points de plus qu’en 2010. Dans le détail, les femmes sont surreprésentées avec 45 % de diplômées contre 24 % des hommes.
Les exploitations mixtes ont une proportion un peu plus importante avec 35 %.

Concernant l’enseignement agricole, 52 % des exploitants ont un diplôme équivalent au baccalauréat, c’est 22 points de plus qu’en 2010. A l’opposé de l’enseignement général, les hommes sont surreprésentés avec 58 % contre 38 % pour les femmes. C’est également bien supérieur à la moyenne occitane qui est de 32 %. La formation agricole est l’une des particularités de l’élevage ovin lait. Les élevages mixtes ont un taux un peu plus élevé à 58 %.

Figure 12 : Niveau de formation dans l’enseignement général et agricole des exploitants laitiers en 2020

En 2020, seulement 8 % des exploitants ont un diplôme de l’enseignement supérieur général. C’est 2 points de plus pour les moins de 40 ans (ovins lait) et 9 points de plus pour les moins de 40 ans des élevages mixtes. Les femmes de moins de 40 ans sont mieux représentés dans cette catégorie avec 25 % dont 11% avec un diplôme d’ingénieur.

16 % des exploitants ont un diplôme de l’enseignement supérieur agricole dont 2 % ont un diplôme d’ingénieur agricole (29 % pour les moins de 40 ans mais seulement 2 % d’ingénieur agricole). C’est 20 % pour les élevages mixtes.

En ce qui concerne les moins de 30 ans, ils ont un pourcentage très élevé de diplôme supérieur de l’enseignement agricole (aux alentours de 40 %), qui diminue avec l’âge.

On assiste à une augmentation du niveau de formation des exploitants qui se sont installés entre 2010 et 2019 par rapport à la période 2000-2009. En effet, le taux de diplômés de l’enseignement supérieur double passant de 8 % à 16 %. Concernant l’enseignement agricole, le taux d’exploitant ayant un bac agricole passe de 50 % à 76 %, les études supérieures agricoles de 19 % à 32 %.

Une diversification plus répandue dans les élevages ayant un petit cheptel

La diversification concerne 21 % des exploitations laitières et 29 % des mixtes, c’est respectivement 13 et 16 points de plus qu’en 2010. La moyenne des exploitations occitanes se situe à 25 %.

Dans les départements où les effectifs d’exploitations laitières sont très faibles, la diversification est une stratégie à part entière (69% dans l’Aude, 83% en Ariège et même 100% dans les Hautes-Pyrénées). Pour les principaux départements laitiers c’est 16% pour l’Aveyron et 23% pour le Tarn.

Les activités de diversification les plus répandues des élevages laitiers sont la vente d’énergie solaire via des panneaux photovoltaïques avec 20 %, la transformation de lait (beurre, yaourts, fromages, crème…) avec 18 %, suivi de la transformation de viandes (pâtés, salaisons, conserves…) avec 14 % et la découpe de viandes et mise en caissettes avec 13 %.

Figure 13 : Part des exploitations ayant une activité de diversification selon la taille de leur cheptel en brebis laitières en 2020

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Part des exploitations ayant une activité de diversification selon la taille de leur cheptel en brebis laitières en 2020
Nombre de brebis laitièresPourcentage
Moins de 50 38
50 - 100 86
100 - 200 59
200 - 300 15
300 - 500 14
500 - 1000 20
Plus de 1000 29

Plus de la moitié des exploitations laitières qui ont recours aux circuits-courts diversifient (principalement de la transformation).
La diversification est très répandue dans les exploitants avec un nombre de brebis laitière faible (59% pour les 100-200 et jusqu’à 86 % pour les 50 à 100 brebis).

Un recours aux circuits courts assez marginal

13 % des exploitations laitières vendent en circuit court, c’est 5 points de plus qu’en 2010. A titre de comparaison, c’est inférieur aux 25 % des exploitations occitanes et aux 30 % des exploitations ovin lait nationales. Cela s’explique par la structuration de la filière Roquefort (collecteurs d’aval bien implantés) avec la fabrication et la commercialisation exclusivement réalisées par ces opérateurs.

Les exploitations mixtes ont un ratio plus élevé avec 24 % en Occitanie et 40 % au niveau national.

La vente en circuit court concerne deux types de produits : les produits laitiers avec presque une exploitation sur deux concernée, et les animaux vivants et autres produits animaux (hors volailles) pour 38 % d’entre elles.
62 % des exploitations qui ont recours aux circuits courts dispose d’un espace de vente à la ferme, 45 % vendent sur les marchés/halles et 42 % à des commerçant détaillants (bouchers, primeurs, …).

Les exploitations avec un faible nombre de brebis laitières ont une forte tendance à avoir plus recours aux circuits courts (90 % pour la tranche 50 à 100 brebis, 13 % pour celles avec plus de 1000 brebis). Cela est le contraire pour la vente en AMAP (20 % pour les 50 – 100 brebis et 38 % pour les plus de 1000 brebis).

SIQO : l’AOP et les autres…

Par rapport à l’AOP où 73 % des exploitations ovines laitières occitanes sont certifiées, les autres SIQO restent marginaux avec 16 % de certification en IGP et 7 % en Label Rouge.

En ce qui concerne l’agriculture biologique, environ 16 % des exploitations laitières sont engagées ou en conversion, c’est plus que la moyenne des exploitations laitières nationales à 14% et un peu moins que la moyenne des exploitations occitanes à 17 %. Les exploitations mixtes se situent à 13 %.

Figure 14 : Nombre de têtes bio et contribution par région en 2010 et 2020

Champ : Occitanie, exploitations ovines spécialisées lait.
Source : Agreste - Recensements agricoles 2010 et 2020
Note de lecture : En 2010, l’Occitanie compte 50 827 têtes bio et représente 81% du cheptel national bio

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Figure 14 : Nombre de têtes bio et contribution par région 2010 et 2020
20102020
Occitanie 50 827 148 407
Nouvelle-Aquitaine 5 414 20 805
Reste des régions 6 351 27 770

Sur les 148 407 têtes ovines bio, on retrouve l’Aveyron à la première position des départements avec 84 % du cheptel devant le Tarn avec 12 %. Ce chiffre est en augmentation de 192 % depuis 2010 où l’on retrouvait seulement 97 580 têtes. En 2020, 75 % des têtes ovines lait bio nationales se trouvent en Occitanie devant la Nouvelle-Aquitaine avec 11 % (Figure 14).
En termes de surfaces biologiques, les exploitations ovines laitières exploitent 35 818 ha en AB (contre 18 843 ha en 2010 soit une augmentation de 90 %). C’est 53 % du total des exploitations ovines bio toutes spécialisations confondues. L’Aveyron est également le premier département avec 72 % des surfaces devant la Lozère avec 21 %. Le Tarn malgré 12 % des effectifs ne possède que 1 % de la SAU bio. Enfin 76 % des surfaces bio nationales se trouvent en Occitanie devant la Nouvelle-Aquitaine avec 7 %.

Zoom sur l’AOP Roquefort

L’AOP Roquefort, première AOP laitière de France reconnue au milieu des années 1920, est également la 3ème AOP la plus produite avec 14 436 tonnes produites en 2023 derrière le Comté et le Reblochon (INAO 2024). En 2020, on retrouve 1 376 exploitations spécialisées ovins certifiées pour l’AOP Roquefort en Occitanie, ce sont 1 273 exploitations ovins lait, 52 mixtes, 49 ovins viande et 2 ateliers d’engraissement. Ces exploitations exploitent en moyenne 122 hectares avec en moyenne 588 brebis laitières.
L’importance de l’AOP Roquefort au sein des exploitations se mesure également par le fait qu’elle représente 74 % du cheptel laitiers occitan et 41 % du cheptel ovin de la région. 23 % de ces exploitations produisent également en IGP (IGP Agneau de l’Aveyron et IGP Agneau de Lozère) et 12% produisent en Label Rouge.
Avec une PBS moyenne de 150 587 euros, on retrouve majoritairement des moyennes (63 %), des petites (27 %) et des grandes exploitations (10%).

MÉTHODOLOGIE

Cette publication s’appuie sur les résultats définitifs du recensement agricole 2020.
Les exploitations ovines spécialisées sont celles des OTEX 4810 (ovins) et 4820 (ovins et bovins combinés). Afin de considérer les différentes spécialisations au sein de ces élevages, les critères suivants ont été définis : -* Exploitations laitières :

  • Têtes brebis lait / Têtes ovins > 75 %
  • Exploitations allaitantes : Têtes brebis viande / Têtes ovins > 75 %
  • Exploitations mixtes : Têtes brebis lait / Têtes ovins ≤ 75 % et Têtes brebis viande / Têtes ovins ≤ 75 %
  • Ateliers d’engraissement : Élevage avec aucune brebis mais uniquement des agneaux.
    Il est à noter que la catégorisation des exploitations s’est faite sur les têtes des brebis mères et non sur les UGB car le RA 2010 ne permet pas la différenciation lait ou viande des autres ovins présents sur l’exploitation (agnelles, agneaux, béliers).

DÉFINITIONS

  • Exploitant agricole : Ce terme désigne le chef d’exploitation et l’ensemble des coexploitants qui travaillent sur l’exploitation.

  • PBS : La production brute standard (PBS), par un jeu de coefficients attribués aux cultures et aux cheptels, donne une valeur au potentiel de production des exploitations. Elle permet de classer les exploitations en différentes tailles économiques. Le recensement agricole est l’occasion de revoir ce classement. Ainsi, à partir de 2020, sont considérées « micros », les exploitations dont la PBS est inférieure à 25 000 euros par an, « petites » celles dont la PBS est comprise entre 25 000 et 100 000 euros, « moyennes » celles avec une PBS comprise entre 100 000 et 250 000 euros et « grandes » celles de plus de 250 000 euros de PBS. Le calcul de la PBS permet aussi de classer les exploitations selon leur spécialisation (ou orientation technico- économique). Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS sont générés par cette production. Les coefficients utilisés dans cette publication sont calculés à partir des prix et rendements moyens de la période 2015-2019, ce qui fournit les PBS aux prix de 2017.
  • L’année d’installation correspond à l’année de première installation et n’est connue que pour le chef d’exploitation. Elle peut avoir eu lieu sur une exploitation différente de celle dirigée par le chef en 2020.
  • Études supérieures : Titulaire d’un diplôme de niveau bac +2 (DUT, BTS, BTSA, DEUG…) ou supérieur (licence, maîtrise, master, DEA, DESS, doctorat, diplôme de grande école…).
  • Études secondaires longues : Titulaire d’un diplôme de niveau baccalauréat.
  • Études secondaires courtes : Titulaire d’un diplôme de niveau certificat d’aptitude professionnelle (CAP, CAPA) ou brevet d’études professionnelles (BEP, BEPA).

SOURCES

┃ INAO, Produits sous signes d’identification de l’origine et la qualité, Chiffres clés 2023, septembre 2024.

GLOSSAIRE

ETP : équivalent temps plein
UGB : unité de gros bétail
SAU : surface agricole utile
STH : surface toujours en herbe
SFP : surface fourragère principale
EARL : entreprise agricole à responsabilité limitée
GAEC : groupement agricole d’exploitation en commun
SIQO : signes d’identification de la qualité et de l’origine
AOP : appellation d’origine protégée
IGP : indication géographique protégée
LR : Label Rouge
AB : agriculture biologique
AMAP : Association pour le maintien d’une agriculture paysanne


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