RA2020 - Lot - Une agriculture qui reste très diversifiée - Agreste Études n°19 - Juillet 2022
Recensement agricole 2020
Une agriculture qui reste très diversifiée
L’agriculture lotoise est très diversifiée. Le nombre total d’exploitations agricoles a diminué de 23 % entre 2010 et 2020 ; la baisse des surfaces agricoles lotoises est plus limitée (-2,4%) mais le potentiel de production recule de 15 %. En 2020, la main d’œuvre se concentre sur les chefs d’exploitations et les salariés permanents. L’agriculture biologique a fortement progressé ainsi que les démarches de valorisation en circuits courts et de diversification. Pour quatre exploitations sur dix concernées par la question de succession du chef, leur devenir est incertain dans les trois prochaines années.
Le Lot : une agriculture diversifiée
En 2020, 3 917 exploitations agricoles sont implantées dans le Lot, soit 6 % des exploitations d’Occitanie. Le Lot dénombre 1 196 exploitations de moins qu’en 2010 soit une diminution plus importante qu’au niveau régional (- 23 % dans le Lot et - 18 % en Occitanie). Les exploitations à spécialisation animale représentent 49% de l’effectif, celles spécialisées végétales 38 % et les non spécialisées 12 % (polyculture-élevage).
Le département se découpe en quatre territoires atypiques. Les exploitations spécialisées en élevage bovin, représentant 24 % de l’ensemble, sont principalement localisées dans le territoire du Ségala. Les élevages ovins et caprins, représentant 21 % du total, sont une composante importante de l’agriculture du territoire des Causses de Gramat. La viticulture se concentre sur l’Ouest de la vallée du Lot. Le reste du département se caractérise par une diversité d’orientation technico-économique : polyculture, polyélevage, grandes cultures et cultures permanentes sont les principales spécialisations des exploitations agricoles.
En 10 ans, la diminution du nombre d’exploitations se ressent dans toutes les orientations technico-économiques. Ces baisses sont très marquées pour les exploitations spécialisées dans les élevages de bovins lait (- 44 %), les exploitations granivores (- 43 %) et polyculture ou polyélevage (- 36 %).
Le nombre d’exploitations spécialisées en élevage de bovins allaitants, en grandes cultures et en cultures permanentes ayant moins fortement diminué que les effectifs totaux, il en résulte un poids de ces orientations technico-économiques (otex) plus important qu’en 2010 (Figure 1).
La surface agricole utile et les cheptels diminuent
En 2020, la surface agricole utile (SAU) totale des exploitations du Lot est de 218 200 ha. Entre 2010 et 2020, le recul est de 2,4 %. La SAU totale ayant diminué bien moins rapidement que le nombre d’exploitations, la SAU moyenne des exploitations agricoles lotoises poursuit son agrandissement. En 2020 une exploitation dispose de 56 ha en moyenne, soit 12 ha de plus qu’en 2010. La SAU est composée aux trois quart de prairies, de céréales et d’oléo protéagineux (13 %), de fourrages annuels (3 %), de vignes (2 %) et de cultures fruitières (2 %). Seules les surfaces de protéagineux, de plantes à parfum, aromatiques et médicinales et de légumes ont augmenté.
L’ensemble du cheptel lotois atteint 182 000 unités gros bovins (UGB) réparties dans plus de 2 470 exploitations. Il est caractérisé par une prédominance des bovins, des ovins et des volailles (respectivement 55 %, 22 % et 11 % du cheptel total départemental en UGB). Les vaches allaitantes représentent 37 % du total bovin. 71 % du total ovin sont des brebis mères allaitantes et 39 % du total volaille sont des poulets de chair et coqs. Le cheptel départemental est en baisse de 12 % par rapport à l’année 2010, ce qui représente - 24 300 UGB. Cette diminution s’explique par la forte baisse des UGB des brebis mères allaitantes (- 25 % soit - 9 700 UGB), des vaches laitières (- 32 % soit - 7 800 UGB), et des porcins (- 11 % soit - 1 500 UGB).
Au niveau économique, le potentiel de production du département a diminué de 15 % par rapport au recensement agricole 2010. Comparé à la forte diminution du nombre d’exploitation (- 23 %), il en résulte un potentiel de production moyen par exploitation plus élevé qu’en 2010. L’économie agricole lotoise repose sur plusieurs spécialisations. Les cultures végétales, principalement la viticulture et l’arboriculture, représentent 28 % de la PBS. Le potentiel de production se contracte pour les orientations bovins lait, granivores et les élevages ovins.
Il reste stable pour les orientations bovins viande, les polyculteurs ou les polyéleveurs, ainsi que pour les exploitations d’herbivores composées de caprins, d’équins ou mixtes.
Les micros entreprises agricoles restent majoritaires dans le département
Malgré leur recul, les micros exploitations restent majoritaires avec 40 % du total des exploitations du Lot. Le paysage des entreprises agricoles est constitué en grande partie de micros, de petites et de moyennes exploitations agricoles. Elles représentent 91 % du nombre des exploitations pour 77 % de la SAU. Cependant, le potentiel économique de production se concentre à 77 % dans les grandes et moyennes exploitations. En une décennie, la part de la PBS des grandes exploitations est passée de 37 % en 2010 à 43% alors que ces dernières ne représentent que 9 % des effectifs des exploitations en 2020.
Dans le détail, les micros exploitations sont les plus nombreuses avec 1 582 exploitations. L’effectif et la PBS baissent de 27 % quand la SAU progresse de 3 %. Les exploitations de petites et moyennes tailles sont sur une tendance à la baisse pour tous les indicateurs. Les grandes exploitations ont un effectif constant, une hausse de la SAU (+ 24 %) et une diminution de la PBS (- 4 %).
Les micros exploitations restent majoritaires parmi les exploitations spécialisées en grandes cultures (83 %) et en arboriculture (49 %). Pour les exploitations spécialisées en élevage bovin viande, ovin et polyculture ou polyélevage se sont les petites exploitations qui sont les plus répandues (respectivement 51 %, 34 % et 34 %). Les exploitations à spécialisation de bovins lait, bovins mixte et viticulture sont principalement de taille moyenne contrairement à la spécialisation volailles (47 % de grandes exploitations).
Les exploitations du Lot ont toutes perdu des effectifs en 10 ans. Cependant, ces baisses ne sont pas uniformes et diffèrent selon leur taille économique. Pour les exploitations spécialisées en grandes cultures, le nombre de micros est stable alors que les exploitations de plus grande dimension économique diminuent. Les micros (- 30 %) et petites (- 1 %) exploitations arboricoles sont moins nombreuses alors que celles de taille moyenne sont en hausse de 24 %. Les exploitations spécialisées dans l’élevage de bovins allaitants, d’ovins et dans la polyculture ou le polyélevage suivent une tendance similaire : les micros, petites et moyennes exploitations diminuent, contrairement aux grandes exploitations qui ont augmenté.
Les exploitations individuelles représentent toujours le statut le plus répandu dans le Lot. À ’inverse, les GAEC continuent leur essor tant en nombre d’exploitations qu’en SAU et PBS.
L’emploi agricole régional toujours amplement porté par les exploitants
En 2020, les exploitations agricoles du Lot emploient 9 480 actifs, soit 5 160 équivalents temps plein (ETP). Les chefs d’exploitations et les coexploitants constituent la plus grande part de cette main d’œuvre en nombre d’actifs (4 840 actifs, soit 51 % des actifs agricoles du Lot) et cela représente 73 % des ETP départementaux (3 750 ETP). Les emplois saisonniers et occasionnels composent 30 % des actifs agricoles (2 840 actifs) mais seulement 6 % des ETP (300 ETP).
Entre 2010 et 2020, l’emploi agricole continue sa baisse avec 18 % d’ETP en moins. Cette baisse s’explique par la chute simultanée de la main d’œuvre familiale permanente (- 61 %), de la main d’œuvre non permanente (- 24 %) et de celle des chefs d’exploitations (- 14 %). Seule la main d’œuvre non familiale permanente s’est développée sur la décennie avec une hausse de près de 32 % des ETP.
La population lotoise des chefs d’exploitations vieillit et la moyenne d’âge est passée de 52 à 53 ans au cours de la décennie. La part des femmes se maintient à 30 % des chefs d’exploitations.
Forte progression des exploitations en agriculture biologique
Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations agricoles déclarées en agriculture biologique a été multiplié par 2,8 pour atteindre 510 exploitations. En 2020, ces dernières représentent 13 % de l’ensemble des exploitations lotoises. Cette évolution porte principalement sur les exploitations spécialisées en grandes cultures, en arboriculture, en viticulture, en élevages bovin viande et porcin.
Le podium des otex (orientations technico-économique) en terme d’effectif bio est composé de la polyculture ou polyélevage (97 exploitations), la viticulture (88 exploitations) et les cultures permanentes (82 exploitations).
Par ailleurs, 1 115 exploitations lotoises, soit 28 % des exploitations du département produisent sous d’autres signes officiels de qualité en 2020. Les signes les plus répandus sont l’AOC ou AOP : 517 exploitations, le Label Rouge : 508 exploitations et l’IGP : 442 exploitations. Ce sont essentiellement des exploitations spécialisées dans la viticulture pour l’AOC ou AOP et l’IGP, dans les élevages d’ovins et bovins viande pour le Label Rouge.
Les circuits courts, la transformation et la diversification se développent dans le Lot
En 2020, 1 023 exploitations déclarent vendre en circuits courts, soit 26 % de l’ensemble des exploitations. En une décennie le nombre d’exploitations qui s’inscrit dans une démarche de circuits courts hors viticulture a progressé de 23 %, passant de 690 à 850 exploitations. Parmi les exploitations lotoises valorisant en circuit court, 730 pratiquent la vente directe de leurs produits agricoles soit une augmentation de 24 % en 10 ans.
L’activité de transformation de la production a doublé en 10 ans, passant de 231 à 399 exploitations. Ce chiffre s’explique principalement par le développement de la transformation ou découpe de viande et la transformation de fruits et légumes.
Les activités de diversification sont en hausse de 56 % par rapport à 2010 avec 543 exploitations. Les principales activités de diversification citées par les agriculteurs lotois sont l’activité touristique d’hébergement ou de restauration (190 exploitations), le travail à façon (173 exploitations) et la vente de leur production d’énergie (127 exploitations). Au total les activités de diversification sont mises en œuvre dans 14 % des exploitations. La diversification progresse fortement sur la décennie. Cependant, la dynamique globale masque des disparités. La vente de la production d’énergie renouvelable a été multiplié par 8, notamment avec le développement du photovoltaïque. Le travail à façon a augmenté de 150 % lors que dans le même temps les activités de tourisme, d’hébergements et de loisirs a diminué de 3 %.
Le devenir des exploitants
En 2020, 1 280 exploitations ont un chef d’exploitation âgé de plus de 60 ans, ce qui représente 33 % des exploitations agricoles du Lot. Questionnés sur le devenir de leur exploitation dans les trois prochaines années, 31 % de ces chefs d’exploitations considèrent que le départ du chef ou coexploitant n’est pas envisagé dans l’immédiat. Pour 41 % des exploitations dont l’exploitant a plus de 60 ans, celui-ci indique ne pas savoir quel sera le devenir de l’exploitation dans les trois prochaines années. Dans 22 % des cas, l’exploitation serait reprise par un coexploitant, un membre de la famille ou un tiers et dans 5 % des cas l’exploitation disparaitrait au profit de l’agrandissement d’une autre exploitation.
Source et définitions
Réalisé tous les 10 ans, le recensement agricole permet d’avoir une vision précise et exhaustive de l’agriculture à une échelle géographique fine et d’en analyser ses évolutions. Sont interrogées l’ensemble des exploitations agricoles, à savoir toute unité économique répondant aux critères suivants :
avoir une activité agricole soit de production, soit de maintien des terres dans de bonnes conditions agricoles et environnementales ;
atteindre une dimension minimale, soit 1 hectare de surface agricole utilisée, soit 20 ares de cultures spécialisées, soit une production supérieure à un seuil (1 vache, 6 brebis mères…) ;
avoir une gestion courante indépendante de toute autre unité. L’existence d’une immatriculation au répertoire des entreprises et des établissements Sirène ou d’un identifiant de demande d’aide de la politique agricole commune (PAC) présume de l’indépendance de gestion.
Les structures gérant des pacages collectifs ne sont pas comprises dans le champ de la présente étude.
La production brute standard (PBS)
La PBS, par un jeu de coefficients attribués aux cultures et aux cheptels, donne une valeur au potentiel de production des exploitations.
Elle permet de classer les exploitations en différentes tailles économiques : « micro » (moins de 25 000 euros de PBS), « petite » (entre 25 000 et 100 000 euros), « moyenne » (entre 100 000 et 250 000 euros) et « grande » (plus de 250 000 euros)
La contribution de chaque culture et cheptel à la PBS permet aussi de classer les exploitations selon leur spécialisation (ou orientation technico-économique). Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS est généré par cette production.
Les coefficients utilisés dans cette publication sont calculés à partir des prix et rendements moyens de la période 2015- 2019.
Un équivalent temps plein (ETP)
Un ETP correspond au travail d’une personne à plein temps pendant une année entière.
L’unité de gros bétail (UGB)
L’UGB est utilisée pour comparer ou agréger des effectifs animaux d’espèces ou de catégories différentes. A chaque type d’animal est attribué un coefficient basé sur ses besoins alimentaires. L’UGB mentionnée dans cette publication est celle tous aliments (UGBTA) et compare les animaux selon leur consommation totale (herbe, fourrage et concentrés). Par exemple, une vache laitière a un coefficient de 1,45 alors qu’une poule pondeuse a un coefficient de 0,014.
La surface agricole utilisée (SAU) dans le recensement de l’agriculture
En 2020, la SAU est établie à partir des données des déclarations PAC en lieu et place de la déclaration de l’agriculteur pour 51 000 exploitations, soit 80 % des exploitations régionales du champ du recensement. Pour les autres exploitations (13 400), les surfaces ont été déclarées directement par l’agriculteur. En 2010, la SAU s’appuyait sur les seules déclarations des agriculteurs, aidés de leur déclaration PAC. Les divergences de nomenclature entre la PAC et le recensement sont particulièrement marquées pour les prairies, les légumineuses fourragères et les fruits et rendent critiques les comparaisons de ces surfaces entre 2010 et 2020. Par ailleurs, les déclarations relatives aux surfaces en herbe peu productives, intégrées dans les surfaces déclarées à la PAC en 2020, ont été moins souvent déclarées en 2010. Il s’agit notamment des landes et des bois pâturés.
Les comparaisons entre les deux recensements sont possibles pour les cultures hors surfaces en herbe et pour les cultures permanentes. En revanche, l’évolution des surfaces en herbe n’est pas interprétable. Du fait de l’importance des surfaces en herbe en Occitanie, les SAU de 2010 et de 2020 ne sont pas comparables.
Les circuits courts sont les circuits de vente directe au consommateur final (dont la vente à la ferme), ou avec un seul intermédiaire entre l’exploitation agricole et le consommateur final. La vente avec un seul intermédiaire concerne par exemple la vente à un commerçant détaillant, aux GMS, à la restauration privée ou collective.