RA2020 - Gers - Une agriculture plus spécialisée en productions végétales - Agreste Études n°18 - Juillet 2022
Recensement agricole 2020
Une agriculture plus spécialisée en productions végétales
Au cours de la décennie, l’agriculture gersoise s’est spécialisée un peu plus en production végétale. Les capacités de production animale régressent principalement pour la production de lait et de bovins allaitants. Les exploitations restent de taille modeste et le département se caractérise par la prééminence des petites et moyennes exploitations qui gèrent 70 % de la surface agricole utilisée et concentrent 51 % du potentiel de production départementale.
- Recul important des capacités de production animale
- Maintien d’un nombre important de petites exploitations
- Érosion des actifs agricoles
- La valorisation des productions
- La transformation et les circuits courts
- La diversification
- Source et définitions
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Recul important des capacités de production animale
L’élevage recule fortement dans le département du Gers, notamment pour les exploitations bovins lait et allaitants et, dans une proportion également assez importante, pour les exploitations de polyculture-élevage.
Le Gers ne compte plus que 50 exploitations spécialisées bovins lait, 349 en bovins viande et 1 757 polyculteur - éleveurs (ayant un atelier d’élevage herbivore ou/et granivore). Ce recul est supérieur à 4 % par an au cours de la décennie pour ces types d’orientation technico-économique, soit un élevage ou atelier d’élevage en moins tous les 2 jours. Dans le même temps, le nombre d’exploitations classées en grandes cultures et viticulture recule de moins de 1 % par an.
Le Gers perd ainsi la moitié de son cheptel de laitiers (- 4 300 têtes) et le tiers de son cheptel allaitant (- 11 000 têtes) soit respectivement 10 % et 30 % de la baisse totale des vaches de la région.
Les exploitations classées granivores, principalement des volaillers, régressent également fortement du fait des épidémies successives de grippe aviaire. Elles étaient un peu plus de 700 en 2010 et comptent en 2020, un peu plus de 400 unités. Dans le secteur de la production de canards, le nombre de canards prêts à gaver baisse moins du fait de la progression du cheptel moyen par exploitation. Les petites unités de production ne semblent pas avoir résisté aux crises sanitaires de la décennie. Cette évolution est également observable dans les exploitations mixtes polyculture et granivores, leur nombre qui baisse significativement témoigne d’un vraisemblable abandon de l’atelier granivore.
Les exploitations classées en grandes cultures représentent plus d’une exploitation sur deux, soit 7 points de pourcentage en plus par rapport à 2010. Le département se spécialise un peu plus dans les productions de céréales et d’oléo-protéagineux. Les productions évoluent vers une plus grande diversité, les céréales sont en diminution dans la sole du département et les cultures oléagineuses et protéagineuses progressent. Ce sont 460 exploitations supplémentaires qui sont classées dans une orientation grandes cultures diversifiées. Le potentiel d’irrigation du département a baissé de 14 000 ha, soit moins 15 %. Les surfaces irriguées restent assez stables autour de 60 000 ha irrigués en 2020. Maïs et soja concentrent 92 % de la superficie irriguée du département (respectivement 63 % et 28 %).
À la faveur d’une progression des surfaces viticoles, le département compte plus de 500 exploitations classées en viticulture. Toujours marginales à l’échelle du département, les exploitations classées en arboriculture et maraîchage progressent légèrement.
En termes de potentiel de production en valeur, mesuré par la production brute standard (PBS), l’économie agricole s’appuie principalement sur 3 piliers pour 2/3 de la PBS départementale : les grandes cultures et la polyculture pour 40 % de la valeur, les exploitations classées granivores et polyculteurs avec atelier granivore pour 23 % et la viticulture pour 17 % (figure 1). En termes d’occupation du territoire, les exploitations grandes cultures et polyculture gèrent 66 % de la SAU du département et les éleveurs et les polyculteur - éleveurs 23 %, soit 4 points de pourcentage en moins.
Maintien d’un nombre important de petites exploitations
Deux exploitations sur trois du département sont classées parmi les micros et petites exploitations. Ce pourcentage évolue peu, sa diminution depuis 2010 n’est que de 2 points. Sont classées économiquement dans la catégorie des micros ou petites exploitations, celles qui ont un potentiel de production de moins de 25 000 € (PBS) pour les premières et entre 25 000 € et 100 000 € pour les secondes. Dans le département, la prééminence des petites exploitations est caractéristique de l’orientation grandes cultures qui concentre 2/3 de l’effectif de cette catégorie. Dans cette orientation, ce pourcentage a augmenté de 8 points. En 2020, le potentiel économique du département (figure 2) est détenu par les petites et moyennes exploitations pour 51 % et les grandes exploitations pour 47 %. La SAU des petites a progressé d’en moyenne 8 ha, celle des moyennes de 15 ha et celles des grandes de 26 ha. L’agrandissement en superficie est principalement le fait des moyennes et des grandes qui concentrent 62 % de la SAU du département.
La progression des formes sociétaires se poursuit pour atteindre 36 % de l’effectif soit une progression de 8 points. Cette augmentation n’est pas imputable aux GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) qui progressent peu dans le Gers mais aux autres formes sociétaires.
Une exploitation sur quatre est exposée à la question de son devenir à court terme et cela représente 14 % de la SAU du département, soit 64 000 ha. Deux exploitations sur trois ne connaissent pas les modalités de reprise de la ferme et cela ne représente que 8 % de la SAU, soit 34 000 ha. Cette problématique de succession touche principalement des micros et petites exploitations individuelles. En grandes cultures, le problème de la succession concerne près de 650 micros ou petites exploitations individuelles soit 44 % de l’effectif des exploitations confrontées à une forte incertitude sur leur devenir.
Érosion des actifs agricoles
En dix ans, l’agriculture du département a perdu 10 % de ses ETP (figure 3). Près de 8 500 ETP travaillent dans les exploitations agricoles. Ce sont 5 600 chefs ou co-exploitants qui les dirigent soit 66 % des ETP agricoles. La proportion de femmes cheffes d’exploitation se maintient à 28 %. Les chefs d’exploitation sont un peu plus âgés en 2020, l’âge moyen atteignant 53 ans. L’emploi salarié est principalement le fait des orientations viticulture, grandes cultures et polyculture pour 60 % des ETP. Dans le département, un certain nombre d’exploitations classées grandes cultures ont aussi une production de légumes (ail et melons), ce qui explique leur plus grande dimension économique et le niveau supérieur du salariat dans cette orientation par rapport à la moyenne régionale. En effet, une exploitation grandes cultures occupe 0,2 ETP pour 20 ha alors que ce ratio est de 0,5 ETP en viticulture et 4,6 en production horticole ou légumière.
La valorisation des productions
Un fort développement de l’agriculture biologique
Le nombre d’exploitations en AB du département a été multiplié par 4,2. Il compte en 2020, un peu plus de 1 600 exploitations labélisées. Ce développement s’explique par une forte augmentation des certifications dans l’orientation grandes cultures et polyculture élevage. 27 % des exploitations de ces deux orientations sont certifiées dont 8 % intégralement en grandes cultures et 14 % intégralement en polyculture-élevage. Les superficies de soja et de protéagineux sont très majoritairement certifiées. Pour les élevages, 45 % des surfaces en herbe sont certifiées.
La transformation et les circuits courts
Une exploitation sur 10 transforme tout ou partie de sa production et 77 % d’entre elles combinent transformation et commercialisation en circuits courts.
Les principaux produits transformés à la ferme sont le raisin vinifié et les viandes. Les exploitations qui assurent la transformation de plusieurs produits sont minoritaires, la transformation étant à 62 % mono produit. Les exploitations avec atelier de transformation sont à 35 % en AB mais avec de fortes disparités selon les produits transformés : jusqu’à 69 % pour les légumes ou de seulement 22 % pour le vin (tableau 1). Une exploitation sur cinq du département déclare commercialiser sa production en circuits courts en partie ou totalement. Près de la moitié d’entre elles ne transforment pas leur production. Les principales productions commercialisées en circuits courts sont les viandes, les légumes et les œufs. 80 % des exploitations ne commercialisent qu’un type de produits en circuits courts. Les exploitations en AB représentent 36 % de celles qui commercialisent en circuits courts sans transformation.
La diversification
1 600 exploitations diversifient leur activité en faisant de la transformation, du travail à façon, une activité touristique d’hébergement ou de restauration, ou une production d’énergie. Très peu combinent plusieurs activités. Le travail à façon se retrouve principalement dans les exploitations de grandes cultures et de polyculture élevage. La production d’énergie concerne principalement les exploitations de grandes cultures, de polyculture-élevage et d’élevage (solaire sur toiture des bâtiments). Ces activités peuvent être réalisées en nom propre ou avec sous-traitance, ou encore par une entreprise différente de l’exploitation agricole mais qui utilise ses moyens de production.
Source et définitions
Réalisé tous les 10 ans, le recensement agricole permet d’avoir une vision précise et exhaustive de l’agriculture à une échelle géographique fine et d’en analyser ses évolutions. Sont interrogées l’ensemble des exploitations agricoles, à savoir toute unité économique répondant aux critères suivants :
avoir une activité agricole soit de production, soit de maintien des terres dans de bonnes conditions agricoles et environnementales ;
atteindre une dimension minimale, soit 1 hectare de surface agricole utilisée, soit 20 ares de cultures spécialisées, soit une production supérieure à un seuil (1 vache, 6 brebis mères…) ;
avoir une gestion courante indépendante de toute autre unité. L’existence d’une immatriculation au répertoire des entreprises et des établissements Sirène ou d’un identifiant de demande d’aide de la politique agricole commune (PAC) présume de l’indépendance de gestion.
Les structures gérant des pacages collectifs ne sont pas comprises dans le champ de la présente étude.
La production brute standard (PBS)
La PBS, par un jeu de coefficients attribués aux cultures et aux cheptels, donne une valeur au potentiel de production des exploitations.
Elle permet de classer les exploitations en différentes tailles économiques : « micro » (moins de 25 000 euros de PBS), « petite » (entre 25 000 et 100 000 euros), « moyenne » (entre 100 000 et 250 000 euros) et « grande » (plus de 250 000 euros)
La contribution de chaque culture et cheptel à la PBS permet aussi de classer les exploitations selon leur spécialisation (ou orientation technico-économique). Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS est généré par cette production.
Les coefficients utilisés dans cette publication sont calculés à partir des prix et rendements moyens de la période 2015- 2019.
Un équivalent temps plein (ETP)
Un ETP correspond au travail d’une personne à plein temps pendant une année entière.
L’unité de gros bétail (UGB)
L’UGB est utilisée pour comparer ou agréger des effectifs animaux d’espèces ou de catégories différentes. A chaque type d’animal est attribué un coefficient basé sur ses besoins alimentaires. L’UGB mentionnée dans cette publication est celle tous aliments (UGBTA) et compare les animaux selon leur consommation totale (herbe, fourrage et concentrés). Par exemple, une vache laitière a un coefficient de 1,45 alors qu’une poule pondeuse a un coefficient de 0,014.
La surface agricole utilisée (SAU) dans le recensement de l’agriculture
En 2020, la SAU est établie à partir des données des déclarations PAC en lieu et place de la déclaration de l’agriculteur pour 51 000 exploitations, soit 80 % des exploitations régionales du champ du recensement. Pour les autres exploitations (13 400), les surfaces ont été déclarées directement par l’agriculteur. En 2010, la SAU s’appuyait sur les seules déclarations des agriculteurs, aidés de leur déclaration PAC. Les divergences de nomenclature entre la PAC et le recensement sont particulièrement marquées pour les prairies, les légumineuses fourragères et les fruits et rendent critiques les comparaisons de ces surfaces entre 2010 et 2020. Par ailleurs, les déclarations relatives aux surfaces en herbe peu productives, intégrées dans les surfaces déclarées à la PAC en 2020, ont été moins souvent déclarées en 2010. Il s’agit notamment des landes et des bois pâturés.
Les comparaisons entre les deux recensements sont possibles pour les cultures hors surfaces en herbe et pour les cultures permanentes. En revanche, l’évolution des surfaces en herbe n’est pas interprétable. Du fait de l’importance des surfaces en herbe en Occitanie, les SAU de 2010 et de 2020 ne sont pas comparables.
Les circuits courts sont les circuits de vente directe au consommateur final (dont la vente à la ferme), ou avec un seul intermédiaire entre l’exploitation agricole et le consommateur final. La vente avec un seul intermédiaire concerne par exemple la vente à un commerçant détaillant, aux GMS, à la restauration privée ou collective.
Principales données - fiche départementale du Gers
https://draaf.occitanie.agriculture.gouv.fr/fiches-des-principales-donnees-departementales-et-regionale-a6674.html
En savoir plus : consultez le site Agreste