Note de conjoncture 2024 n°3

Cette troisième note de conjoncture 2024 du SRISET Occitanie dresse le bilan de l’activité agricole régionale au 1er novembre 2024.

Météorologie et ressources hydriques

L’automne 2023 et le début d’année 2024 sont marqués par une anomalie de température moyenne de l’ordre de +2°C en Occitanie. Le sud-ouest de la région est largement excédentaire en précipitations sur cette période alors que le sud-est méditerranéen cumule les mois déficitaires jusque fin janvier 2024. Pour des raisons opposées (excès d’eau et sécheresse), ces conditions sont assez défavorables à la mise en place et à la levée des cultures d’hiver sur toute la région. La douceur hivernale impacte certaines espèces fruitières (manque de froid sur abricots) et conduit globalement à une légère avance dans les stades physiologiques au début du printemps. A la sortie du premier trimestre 2024, les Pyrénées-Orientales ainsi que quelques secteurs de l’Aude restent dans une situation de sécheresse extrême.

Le printemps et le début d’été météorologique sont marqués par un temps couvert et humide qui génère un sentiment de morosité assez généralisé qui pèse sur la consommation des fruits et légumes de printemps/été. Cette situation provoque une pression phytosanitaire élevée sur de nombreuses cultures. On peut citer le mildiou sur vigne ainsi que différentes maladies cryptogamiques dégradant la qualité et la conservation des récoltes tant en fruits et légumes qu’en grandes cultures. Les excès d’eau et les fortes pluies peuvent également nuire à la pollinisation et conduire à des éclatements de fruits en particulier sur cerises. Le gel et la grêle ont quelques conséquences localisées en particulier sur les productions ne disposant pas de moyens de lutte adaptés.

A partir de mi-juillet les températures remontent très sensiblement jusqu’à produire un épisode caniculaire de plusieurs semaines de fin juillet à mi-août très marqué au niveau du bassin méditerranéen et plus particulièrement dans sa partie ouest. La productivité de la vigne et celle d’autres productions maraîchères sont impactées par cet épisode caniculaire. Cette période s’accompagne de nombreux épisodes d’orages qui conduisent à une répartition très hétérogène des précipitations sur tout le territoire. Des dégâts de grêle localisés sont à signaler sur de nombreux secteurs.
Les mois de septembre et octobre 2024 sont marqués par un excès de précipitations qui est plus fort dans le Sud-Ouest. Cela a pour conséquences de retarder et dégrader la qualité des récoltes des cultures d’été tout en décalant les dates de semis des cultures d’hiver de la nouvelle campagne. Les Pyrénées-Orientales renouent avec un mois d’octobre excédentaire en précipitations après un été encore une fois largement déficitaire.

Figure 1 : Ecarts aux normales des températures et précipitations dans le bassin Sud-Ouest

Figure 1- Ecarts aux normales des températures et précipitations dans le bassin Sud-Ouest (Bordeaux, Toulouse, Gourdon, Mont de Marsan, Cognac, Limoges) | Source : Agreste-Météo France, normales 1991-2020

Figure 2 : Ecarts aux normales des températures et précipitations dans le bassin Sud-Est

Figure 2- Ecarts aux normales des températures et précipitations dans le bassin Sud-Est (Perpignan, Montpellier, Orange, Marignane, Nice, St Auban) | Source : Agreste-Météo France, normales 1991-2020

Prix : suivi des indices nationaux

Après la forte inflation qui a caractérisé ces dernières années, l’heure est à l’accalmie. Les indices généraux (IPPAP et IPAMPA) des prix des produits agricoles et des intrants sont ainsi relativement stables depuis un an (figures 3 et 4). Entre septembre 2023 et septembre 2024 l’indice général des prix d’achat des moyens de production recule de -5% quand celui des produits agricoles progresse de +1%.

S’agissant des principaux intrants (figure 4), le prix des sources d’énergie recule très sensiblement sur un an (-19%). Les engrais et amendements ainsi que l’alimentation animale régressent également de manière significative avec respectivement -9% et -7% depuis septembre 2023. Les produits de protection des cultures sont quant à eux quasiment stables avec une variation de -2,5% sur un an.

S’agissant des prix des produits agricoles (IPPAP - figure 4) leur relative stabilité d’ensemble sur an est le résultat de variations contrastées entre filières.

La viande ovine est en nette progression sur an avec un IPPAP-Ovins qui augmente de +17%.
Les bovins se maintiennent à un niveau élevés en étant stable sur un an (IPPAP Gros bovins = 146 en septembre 2024). Les porcins qui avaient atteint des niveaux historiquement hauts cet été sont en net repli depuis le mois d’août et redescendent en dessous du niveau de septembre 2023 (-7%).

Après une baisse continue depuis le second semestre 2022, le vin semble enfin se stabiliser depuis le mois de juillet.

Les cours des céréales sont fluctuants et s’établissent à un niveau inférieur de -8% à celui de l’an passé. Le blé tendre et le maïs reculent ainsi respectivement de - 6% et -4% sur an alors que le blé dur dégringole littéralement de -25% par rapport à septembre 2023.

Les oléagineux résistent mieux, en moyenne, que les céréales en 2024 avec un niveau qui reste stable sur un an. On constate cependant de grandes variations en fonction des cultures Tournesol +12%, Colza -1%, Soja -29%.

Figure 3 : Indices mensuels nationaux et des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA)

Source : Agreste – INSEE

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Figure 3 Indices mensuels nationaux des prix agricoles à la production (IPPAP)
IPAMPA- Indice totalIPAMPA- Engrais et amendementsIPAMPA- Énergie et lubrifiantsIPAMPA- Aliments des animauxIPAMPA- Produits de protection des cultures
2023-09 129.9 154.5 182.4 134.7 113.8
2023-10 129.4 155.8 177.9 133.1 114
2023-11 128.4 154.5 170.6 132 112
2023-12 127.1 149.9 163 131.5 110.2
2024-01 126.5 148.5 161.8 130.4 109.6
2024-02 127.1 148.4 171.5 128.7 109.6
2024-03 127 147.5 168.5 127.3 111.1
2024-04 126.8 146.8 167.1 126.1 111.8
2024-05 125.7 144.7 160.2 125.1 111.8
2024-06 125.4 144.3 160.9 125.3 110.9
2024-07 125.3 143.5 159 125.7 110.6
2024-08 124.3 142.5 150.8 125.4 110.6
2024-09 123.9 141.3 147.9 124.9 110.8

Figure 4 : Indices mensuels nationaux des prix agricoles à la production (IPPAP)

Source : Agreste – INSEE

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Figure 4- Indices mensuels nationaux des prix agricoles à la production (IPPAP)
IPPAP - Indice généralIPPAP - OvinsIPPAP - CéréalesIPPAP - Gros BovinsIPPAP - VinsIPPAP -Porcins
2023-09 126.8 119.8 126.6 145.3 105.4 140.3
2023-10 127.5 123.5 124 143.3 104 132.6
2023-11 127.5 127.7 120.9 138.9 102.4 124.2
2023-12 128.2 131.3 119.4 136.9 104.2 124.2
2024-01 129.2 130.1 115.3 138.7 104.4 125.2
2024-02 127.5 127.3 106.3 141.3 102.7 129.9
2024-03 128.8 136.6 103.6 142.2 104 140.1
2024-04 128.6 141.6 109.8 141.7 101.8 142.2
2024-05 131.5 142 128.3 143.2 102 140.9
2024-06 129.9 140.7 124.1 144 101.1 142.7
2024-07 122.4 136.8 118.1 144.1 97.9 144.8
2024-08 124.4 135.7 112.6 146.3 100.5 139
2024-09 127.7 139.9 116.8 145.9 101.1 130.6

Fruits et légumes : prévisions de récoltes et suivi de la production

Après un printemps particulièrement maussade avec le mois de mai le plus pluvieux que la France ait connu depuis 2013, la grisaille se poursuit sur une grande partie de la région au début de l’été. Ceci conduit à un sentiment de morosité qui pèse sur la consommation des fruits et légumes.
A partir de la mi-juillet, l’ensoleillement revient au niveau des normales ce qui est favorable à la consommation. La canicule qui frappe l’ouest du bassin méditerranéen à cette période impacte potentiellement certaines productions (melon, courgette, concombre…). Différents épisodes orageux se succèdent tout au long du printemps et de l’été avec des conséquences qui restent toutefois ponctuelles.

Plusieurs phénomènes modèrent les niveaux de productivité au cours de la saison.
Le manque de froid hivernal impacte notamment les abricotiers et les salades.
Les fortes pluies, altèrent la pollinisation (pommier, abricotier, courgette…) et peuvent produire des fruits gorgés d’eau de faible qualité comme sur courgette. Ces conditions vont jusqu’à produire des éclatements de baies en particulier sur les cerises (non protégées par des filets). Dans cette humidité ambiante, les maladies cryptogamiques pèsent globalement sur la qualité des récoltes de nombreuses productions.
Les fortes variations de température induisent quant à elles des chutes physiologiques, constatées notamment sur pêchers et pommiers.
Certaines pressions de ravageurs sont difficiles à maîtriser comme les pucerons sur pommiers.

S’agissant des principales productions de fruits et légumes suivies au niveau régional en conjoncture, comme chaque année, la situation est variable en fonction des espèces (cf. figure 5).
Par rapport à la précédente note de conjoncture de septembre 2024, on constate une amélioration des rendements en tomates avec une situation estivale bien plus favorable qu’au printemps qui était fortement marqué par les pluies, la fraîcheur et le déficit d’ensoleillement. Pour les courgettes en revanche, la situation se détériore en fin de campagne et le rendement 2024 est très nettement inférieur à celui de 2023 (-17%). Cette situation difficile se combine avec une faible consommation qui entraine une chute des cours, allant jusqu’à une situation de crise conjoncturelle (article 611-4 du code rural) sur la seconde moitié du mois d’août.
Les prévisions sont également plus favorables pour les pommes qui se rapprochent des rendements de 2023 avec une productivité très hétérogène en fonction des variétés.
Le melon connaît une campagne contrastée. La météo perturbe les calendriers de production et dégrade les rendements par rapport à l’année 2023 (-7% en melon plein air avec une forte hétérogénéité d’un territoire à l’autre). La demande coïncide avec l’offre jusqu’à fin août et permet de maintenir des niveaux de prix comparables à ceux de la moyenne olympique. La fin de campagne est impactée par une météo très défavorable qui fait chuter la demande et les cours.

Figure 5- Tendances d’évolution des surfaces et rendements des principaux fruits et légumes en 2024 en Occitanie

Figure 5- Tendances d’évolution des surfaces et rendements des principaux fruits et légumes en 2024 en Occitanie | Source : Prévisions de récolte ou estimations provisoires au 01/11/2024, SRISET, SAA, Agreste (*moy dec = moyenne 2014-2023)

Fruits et Légumes : suivi des marchés par le RNM

Deux produits sont mis en avant dans cette note : la cerise au stade expédition, suivi par les centres RNM de Toulouse et Perpignan et l’abricot au stade expédition suivi par le centre RNM de Perpignan.

La cerise

En Occitanie, le RNM suit le marché sur deux bassins de production : le Roussillon et le Sud-Ouest, la production de la vallée du Rhône (Gard) n’est donc pas traitée dans cet article.
Dans le Roussillon, malgré une sécheresse chronique depuis plusieurs années, les conditions agro-météorologiques du début 2024 (absence de gel printanier, bonne floraison, précipitations normales au printemps) permettent d’espérer une relativement bonne récolte.
Ce contexte ralentit toutefois la physiologie et favorise les ravageurs. Les excès de pluie à maturité combinés aux ravageurs conduisent même à des pertes significatives (éclatement, problème de conservation, écarts de tri). La campagne de cotation démarre, dans ce contexte, avec deux semaines de retard par rapport aux années précédentes (semaine 20). Le marché est dominé par les petits calibres et une commercialisation locale en vente directe.
En début de campagne les cours sont fermes du fait de la faible disponibilité du produit. Cependant, le marché s’écroule rapidement car la consommation n’est pas au rendez-vous (faible ensoleillement, morosité ambiante qui nuit à la consommation des fruits de printemps/été). La fin de campagne de cotation au stade expédition s’arrête prématurément (semaine 22) avec des cours très inférieurs à la moyenne olympique.
Le Sud-ouest connaît le même contexte avec une récolte et une qualité moyenne. Le début de campagne (S21) se déroule sous un excès d’eau et une faible consommation liée à la météo maussade. Il est demandé aux producteurs de ralentir le ramassage pour réguler les cours et écouler les stocks.
Un réajustement des prix est nécessaire pour contrecarrer les stocks importants et la consommation en chute.
Sur la fin de campagne, la météo devient plus clémente et le marché se dynamise. Grâce à un apport plus limité, les cours sont à la hausse pour la fin de cotation (S26).

Figure 6 - Cotation au stade expédition, Cerise rouge Roussillon (24 mm, plateau)

Source : estimations SRISET, relevés RNM, moyenne olympique (2019-2023)

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Figure 6 - Cotation au stade expédition, Cerise rouge Roussillon (24 mm, plateau)
SemaineCours 23Cours 24Moyenne Olympique Seuil de prix anormalement bas
19 8.20 0 9.08 7.26
20 6.92 8.33 7.04 5.63
21 5.96 7.53 5.36 4.28
22 5.75 4.50 5.33 4.26

L’abricot

Dans les Pyrénées-Orientales, les effets des sécheresses répétées ont contrebalancé les conditions météorologiques favorables d’avant saison. De plus, le repli des surfaces (-4,7%) explique une production en légère diminution (-2,9%) malgré les rendements très légèrement supérieurs à l’année 2023.
La production européenne démarre précocement avec les premiers arrivages dès le mois d’avril en provenance d’Espagne, Italie et Grèce, comme en 2019. La mise en marché est en avance de deux semaines par rapport à 2023 et 2022.
La campagne de commercialisation dans le bassin du Roussillon débute précocement dans un contexte difficile (concurrence espagnole, conditions pluvieuses, problèmes de qualité. Les cotations démarrent en même temps que le bassin Sud-Est avec un niveau de prix élevés.
Les prix sont en forte hausse au début du mois de juin grâce à un creux de production inter-variétale et une parenthèse estivale. Mais très vite, les cours repartent à la baisse avec le pic national de production et un besoin peu exprimé (figure 7).
Les stocks sont volumineux jusqu’en fin de campagne avec une diminution progressive. Sur les deux dernières semaines de cotation (semaines 30/31), le marché se dynamise avec une demande en augmentation et une offre en diminution.
Figure 7- Cotation au stade expédition - Abricot orangé-rouge Roussillon cat I 45-50mm , plateau

Source : estimations SRISET, relevés RNM, moyenne olympique (2019-2023)

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Figure 7- Cotation au stade expédition - Abricot orangé-rouge Roussillon cat I 45-50mm , plateau
SemaineCours 23Cours 24Moyenne Olympique Seuil de prix anormalement bas
21 0 2.70 0 0
22 2.83 2.60 2.43 2.07
23 2.85 2.50 2.53 2.15
24 2.63 2.50 2.51 2.13
25 2.42 2.41 2.34 1.99
26 2.02 2.22 2.23 1.90
27 1.82 2.10 2.10 1.79
28 1.70 1.98 2.03 1.73
29 1.62 2.00 2.00 1.70
30 1.51 2.18 1.90 1.62
31 0 2.33 0 0

Viticulture prévisions de récolte 2024

Après une campagne de production médiocre en 2023, la saison 2024 est particulièrement hétérogène et globalement décevante.
Au 1er novembre, la production viticole 2024 de la région Occitanie est estimée à 11,95 millions d’hectolitres, en repli de 7 % par rapport à la campagne précédente et 14 % inférieure à la moyenne quinquennale (figure 8).

Après un printemps relativement arrosé, la principale préoccupation semblait être la gestion du mildiou qui touchait fortement certains secteurs comme le Gard et le bassin Sud-Ouest. En début de campagne, les prévisions de récolte à l’échelle régionale pouvaient laisser espérer une année « moyenne » voire favorable sur certains secteurs.
L’arrivée de l’épisode caniculaire à partir de mi-juillet sur des vignobles affaiblis par plusieurs années de sécheresses successives a, semble-t-il, eu un impact très significatif et engendré une révision à la baisse des volumes qui étaient attendus sur certains secteurs très faiblement arrosés durant l’été (Pyrénées-Orientales, Aude, ouest de l’Hérault).
Ces constats combinés à un régime de précipitations estivales marqué par les orages et donc géographiquement très hétérogène, conduisent à une marqueterie de situations. Par ailleurs, certains secteurs connaissent cette année quelques épisodes de gel ou de grêle. Les faits les plus marquants sont l’impact du gel de fin avril sur le vignoble du Lot et la grêle qui a frappé le Gaillacois fin août sur près de 300 ha de vignes dont 70 ha très fortement touchés.
Dans le bassin Languedoc-Roussillon la production viticole est estimée à 10,13 Mhl, niveau en repli de 8 % par rapport à 2023 et inférieur de 13% à la moyenne quinquennale. Les Pyrénées-Orientales et l’Aude sont les départements qui régressent le plus avec des volumes de production respectivement inférieurs de 51% et 33% par rapport à 2019 (figure 8). Dans la partie régionale du bassin Sud-Ouest la production est estimée à 1,82 Mhl, niveau en repli de 6 % par rapport à 2023 et inférieur de 18 % à la moyenne quinquennale.

Figure 8 : évolution de la production de vin en Occitanie (base 100 en 2019)

Sources : Agreste, Estimations SRISET

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Figure 8 : évolution de la production de vin en Occitanie (base 100 en 2019)
11 - Aude30 - Gard34 - Hérault66 - Pyrénées-OrientalesBassin Languedoc-RoussillonBassin Sud-Ouest (partie Occitanie)
2019 100 100 100 100 100 100
2020 98.78109422 106.1100784 107.3808171 87.66571849 103.3278025 109.1505685
2021 74.82362382 93.67743881 73.77775466 88.05683954 79.59777684 83.16817161
2022 101.3307328 99.00210344 111.4334977 91.58879908 104.2342371 86.47471216
2023 83.5715808 103.5813669 88.96443225 77.34044198 90.13871807 80.48199776
2024 p 67.22392956 96.52826092 92.88845116 49.32225271 83.35795276 75.4022469

Aide exceptionnelle à l’arrachage en 2024

Afin de répondre aux difficultés économiques rencontrées par les exploitations viticoles, le Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire a mis en place un dispositif d’aide exceptionnelle pour la réduction de potentiel de production viticole (arrachage définitif). Au 13 novembre 2024, le guichet d’aide FranceAgrimer s’est clôturé avec une demande totale de 27 500 ha, dont 64% en Occitanie et 18% du total pour le seul département de l’Aude qui est le plus engagé au niveau national avec près de 5 000 ha. En proportion de la surface viticole départementale, les Pyrénées-Orientales se démarquent avec le ratio le plus fort du Languedoc-Roussillon à 14% suivi par l’Aude à hauteur de 8%. Côté Sud-Ouest, le ratio de 15% est dépassé pour le 31, le 46 et le 81.
Source : FranceAgrimer, SAA, traitement Sriset

Grandes cultures : une campagne contrastée et globalement décevante

Une récolte faible et très hétérogène en céréales à paille

En Occitanie, le bilan des céréales à paille se caractérise par des baisses de rendement significatives par rapport à l’année passée et sensiblement inférieures aux moyennes quinquennales.
Les excès d’humidité dans les sols combinés à des régimes de précipitations orageux sur une grande partie de la région conduisent à des situations extrêmement contrastées au niveau local.
Le rendement régional en blé tendre chuterait de -8% par rapport à la campagne précédente pour se situer à -2,5% en dessous de la moyenne quinquennale. Cette baisse de productivité conjuguée à une réduction des surfaces conduirait à une baisse de production de -22% pour l’ensemble des céréales à paille en Occitanie par rapport à 2023. Au niveau national la perte de production s’élèverait à -25%.
Dans la famille des cultures d’hiver, le colza présente des surfaces en hausse de +16% et des rendements 12% au-dessus de la moyenne 2019-2023.

Des récoltes d’automne retardées par les conditions humides

Au 1er novembre, les récoltes des cultures d’été sont toujours en cours. Ce retard s’explique par la conjonction de semis tardifs au printemps et de conditions humides qui perdurent depuis le mois de septembre et ralentissent les moissons. A la fin du mois d’octobre (semaine 43), il reste encore une part importante de la collecte à effectuer : 2/3 du maïs grain, 1/3 du tournesol et moins de la moitié du soja et du sorgho.
Les conditions de récolte sont difficiles du fait de la forte humidité des grains. Le rendement moyen régional en tournesol estimé à ce jour serait inférieur de 7% à celui de l’année dernière mais resterait plus élevé que la moyenne quinquennale (+3%). Les rendements en maïs grain seraient, en irrigué comme en sec, inférieurs à 2023 (respectivement de -12% et -15%).
En soja et sorgho, coexistent de très bons et de très mauvais rendements. Dans leur ensemble, ils sont estimés inférieurs à la moyenne quinquennale, respectivement de -4% et -7%. Pour le soja, le rendement progresserait de +16% par rapport l’an dernier. Près de 90% des collectes de maïs semence sont réalisées au 1er novembre. Les résultats pourraient être au niveau des objectifs, voire légèrement au-dessus (95 à 105%).

Des semis retardés

Tout comme les récoltes, les semis de la campagne 2024/2025 sont en retard et sont rendus difficiles par les conditions climatiques humides. Selon l’observatoire Céréobs de FranceAgrimer, le taux de parcelles emblavées en blé tendre est le plus faible depuis 10 ans (semaine 43).

Tendance des cotations

Au mois d’octobre, la cotation du blé tendre rendu Rouen, tout comme celle du blé dur et du maïs, est en légère hausse par rapport au mois de septembre (+4%) mais reste inférieure au prix 2023 (-2%). Les cours des oléagineux sont également en hausse depuis septembre. Le Colza se maintient ainsi quasiment au niveau de la moyenne quinquennale en octobre (-1%) alors que le cours du tournesol la dépasse de +12% à 536€/t.

Figure 9a- Suivis des cours du blé tendre, rendu Rouen

Source : FranceAgrimer

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Figure 9a- Cours du blé tendre rendu Rouen
Moyenne 2019-20232023-20242024-2025
juil 228.61 234.72 219.18
aout 229.35 227.24 208.43
sept 232.39 227.71 214.64
oct 257.56 229.21 224.16
nov 244.26 221.19 0
déc 232.10 202.75 0
janv 237.21 211.66 0
fév 233.22 197.57 0
mars 243.24 176.06 0
avril 246.17 194.60 0
mai 259.59 226.39 0
juin 242.59 230.27 0

Figure 9b- Suivis des cours du tournesol, rendu Bordeaux

Source: Agreste

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Figure 9b- Cours du tournesol rendu Bordeaux
Moyenne 2019-20232023-20242024-2025
juillet 443.30 466.67 448.13
aout 450.50 441.67 464.17
sept 448.10 418.13 467.50
oct 477.40 406.25 536.25
nov 489.60 417.50 0
déc 478.20 422.50 0
janv 486.00 406.25 0
fév 490.40 398.00 0
mars 575.80 405.00 0
avril 502.30 411.88 0
mai 505.20 439.17 0
juin 472.70 441.67 0

Productions animales

Bovins viande : des exports de broutards en hausse, des prix élevés et un repli des volumes abattus qui se confirment

Sur les 9 premiers mois de l’année, avec 62,1 milliers de tonnes équivalent carcasse, la région enregistre un léger retrait de -2% des volumes abattus de bovins entre 2023 et 2024. L’évolution régionale est de -4% pour les vaches, de -3% pour les génisses et de -3% pour les veaux. En lien avec la diminution des abattages qui tend le marché, le cours de la vache de réforme a progressé jusque début septembre avant d’entamer un repli puis de se stabiliser à la mi-novembre au-dessus des valeurs 2023. La cotation vache de type « O » Grand Sud entrée abattoirs standard (SDT) hors SIQO atteint 4,19 €/kg en semaine 47, soit +3% par rapport à 2023. La cotation des veaux de boucherie non élevés au pis (classe U) Grand Sud est de 8,40 €/kg en semaine 47, égalant le niveau déjà élevé de l’an dernier à la même période.
Suite à l’apparition de la maladie hémorragique épizootique (MHE) qui touche l’Occitanie depuis septembre 2023 et de la poursuite de la décapitalisation, les exportations étaient en baisse de -9% entre 2022 et 2023 mais semblent se stabiliser suite à la réouverture progressive des marchés depuis octobre 2023. Elles sont en hausse de +1% sur les 9 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024.
Selon le Kantar Wordlpanel, la baisse de la consommation de viandes de bœuf des ménages français se poursuit. De -12% entre 2022 et 2021, elle est de -3% entre 2022 et 2023. Sur les 9 premiers mois de l’année 2024, la tendance reste la même avec un repli de -3,8% des achats de viandes de boucherie de bœuf par rapport à 2023.

Bovin lait : des volumes en baisse

Sur les 8 premiers mois de l’année 2024, les volumes régionaux de lait de vache livrés à l’industrie enregistrent une baisse de -2,7% par rapport à la même période de l’année 2023. L’agriculture biologique représentait 9% du total livré en 2023 par les producteurs de la région avec 48,7 millions de litres livrés à l’industrie. Sur les 8 premiers mois de l’année 2024, les volumes de lait de vache biologique livrés à l’industrie par les producteurs de la région enregistrent une baisse de -4,9% par rapport à la même période de l’année précédente.Le prix du Lait Bio suit les cours de 2023 et repasse au-dessus du conventionnel depuis juin 2024 (figure 10).

Ovins viande : une baisse significative des abattages d’ovins, des prix encore et toujours plus hauts

Avec 10,8 milliers tonnes, le volume total d’ovins abattus dans la région est en repli de -8,3% sur les 9 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024. Les volumes abattus d’agneaux diminuent de -8,7% sur la même période et ceux des ovins de réforme de -5,9%.
La pénurie de l’offre à l’internationale et celle des cheptels français se poursuivent. Les coûts de production demeurent élevés même s’ils le sont moins qu’en 2022 et 2023.
Selon le Kantar Worldpanel, la baisse de la consommation de viandes ovines des ménages français se poursuit. De -15,2% entre 2022 et 2021, elle est de -2% entre 2022 et 2023, mais de -10,3% sur les 9 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024.
Le cours de l’agneau n’en finit pas de battre des niveaux records. Le prix de l’agneau couvert R 16/19 kg Grand Sud est de 10,43 €/kg de carcasse en semaine 47 soit +16% par rapport à 2023, mais +40% par rapport à la moyenne 2019-2021.

Figure 10- Evolution intra-annuelle du prix moyen mensuel de lait de vache payé aux producteurs en Occitanie

Source : Enquête EML – Estim- FranceAgrimer - SSP

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Figure 10- Evolution intra-annuelle du prix moyen mensuel de lait de vache payé aux producteurs en Occitanie
Moy 2018-2022 Bio2023 Bio2024 BioMoy 2018-2022 Non Bio2023 Non Bio2024 Non Bio
Janvier 473 502 499 343 479 443
Février 461 487 488 346 479 446
Mars 449 468 462 342 465 438
Avril 401 432 431 339 443 439
Mai 399 420 422 340 431 438
Juin 430 454 452 345 426 441
Juillet 451 474 474 354 443 450
Août 462 498 497 361 447 454
Septembre 490 511 0 363 452 0
Octobre 494 517 0 368 440 0
Novembre 493 519 0 359 439 0
Décembre 485 514 0 362 438 0

Ovin lait Ovin lait : un léger repli des volumes

En 2023, l’Occitanie était la première région productrice de lait de brebis avec 220,3 millions de litres livrés à l’industrie, soit 75% des livraisons nationales. Sur les 8 premiers mois de l’année 2024, les volumes régionaux de lait de brebis livrés à l’industrie enregistrent une baisse de -2,4% par rapport à la même période de l’année 2023.
L’agriculture biologique représentait 14% du total livré en 2023 par les producteurs de la région avec 30,2 millions de litres livrés à l’industrie. Sur les 8 premiers mois de l’année 2024, les volumes de lait de brebis biologique livrés à l’industrie par les producteurs de la région sont stables (-0,6%) par rapport à la même période de l’année précédente.

Situation sanitaire MHE et FCO

L’Occitanie est confrontée depuis cet été à deux épidémies de maladies animales vectorielles transmises par moucheron qui touchent les cheptels bovins et ovins (mortalité, baisse de productivité laitière…).
Les bovins sont principalement concernés par maladie hémorragique épizootique (MHE), présente dans la région depuis octobre 2023 et qui fait l’objet d’une recrudescente des foyers depuis l’été. Entre le 1er juin et le 28 novembre 2024, 3267 foyers de MHE ont été recensés en France, dont 40% en Occitanie, principalement dans l’Aveyron, le Tarn et le Lot. La progression de l’épidémie semble ralentir depuis la mi-octobre à la faveur d’une baisse des températures.
Il en va de même pour la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (FCO8), qui est réapparue de manière significative dans tous les départements de la région depuis l’été. Depuis début août, la France est également concernée par un nouveau sérotype de type 3 (FCO3) avec une mortalité très élevée chez les ovins. La FCO3 venue du nord de l’Union européenne touche essentiellement le quart nord-est de la France. Au 28 novembre 2024, 8 205 foyers étaient recensés dans le pays, dont seulement 2 dans la région (en Lozère et dans le Tarn-et-Garonne). Afin de freiner la progression de la maladie une zone régulée de restriction des mouvements d’animaux a été mise en place et englobe la quasi-totalité de la région Occitanie. Depuis la mi-novembre, tous les ovins et tous les bovins sont éligibles, à une vaccination gratuite contre la FCO3.

Porcins : des volumes toujours en légère hausse, des cours soutenus

Avec près de 52 milliers tonnes, les volumes abattus de porcs dans la région se maintiennent à la hausse avec +4,3% sur les 9 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024. L’évolution était à la baisse de -5% entre 2022 et 2023, et de -1% entre 2021 et 2022.
Les cours, en deçà des hauts niveaux de 2022 et 2023, restent cependant soutenus par une offre restreinte. La cotation du porc charcutiers de classe U Grand Sud est de 1,88 €/kg de carcasse en semaine 47 soit -3% en-dessous de celle de l’année 2023 mais +21% par rapport à 2022 à la même date. Les coûts de production s’orientent à la baisse depuis le début de l’année repassant même en dessous du niveau de 2022 depuis le mois de février mais semblent se stabiliser depuis le mois de mai 2024.

Volailles et palmipèdes gras : une hausse des abattages et une situation sanitaire sous surveillance

Avec près de 7,8 millions de têtes, l’effectif régional de canards gras abattus affiche une hausse de +38,7% sur les 9 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024, se rapprochant des niveaux d’avant crise sur une période similaire. Avec 18,1 millions de têtes, l’effectif régional de poulets abattus est également en hausse de +12,6% par rapport à 2023 sur la même période, et dépasse un niveau record non atteint depuis plusieurs années. Les consommateurs se reportent sur ces viandes, au détriment des viandes bovines et ovines. Selon le KW, les achats des ménages en poulet ont progressé de 4,6% sur les 9 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024 et de 73,8% pour le canard.
Après deux années de baisse liée au contexte défavorable de la crise de l’Influenza Aviaire, la situation sanitaire s’est améliorée en 2023 avec la mise en place des mesures de biosécurité et d’une campagne de vaccination. Face à l’évolution des cas d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans la faune sauvage et dans les exploitations d’élevage, la France est en risque élevé depuis le 9 novembre 2024.
Pour la saison 2024/25, les premiers foyers d’IAHP ont été détectés, en France, dans le courant du mois d’août 2024. Dans la région, le seul cas concerne une grue cendrée ramassée sur une commune des Hautes-Pyrénées début novembre.

Caprins lait : des volumes en repli

Sur les 8 premiers mois de l’année 2024, les volumes régionaux de lait de chèvre livrés à l’industrie enregistrent une baisse de -2,8% par rapport à la même période de l’année 2023.
L’agriculture biologique représentait 5% du total livré en 2023 par les producteurs de la région avec 3,4 millions de litres livrés à l’industrie. Sur les 8 premiers mois de l’année 2024, les volumes de lait de chèvre biologique livrés à l’industrie par les producteurs de la région enregistrent une baisse de -4,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

Sources des données – Méthode

Les informations présentées dans cette publication qui concernent les rendements, les surfaces et les cours des fruits et légumes 2024 sont basées sur des estimations précoces de production établies au plus tard au 01/11/2024, ainsi que sur le travail d’enquête et les données du réseau des nouvelles des marchés (RNM). Les estimations précoces de production sont élaborées par le SRISET à partir de données administratives, du suivi d’un échantillon d’exploitations, et d’informations collectées auprès des correspondants agricoles locaux, des organismes professionnels, des agriculteurs.

Pour en savoir plus

Conjoncture agricole du site internet de la DRAAF Occitanie
Conjoncture agricole nationale du site Agreste
Site du réseau des nouvelles des marchés
Site Visionet de FranceAgrimer


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