Note de conjoncture 2024 n°1

Cette première note de conjoncture 2024 du SRISET Occitanie dresse le bilan de l’activité agricole régionale au 1er semestre 2024. La fin d’année donnera lieu à une parution bimestrielle.

Météorologie et ressources hydriques

L’automne 2023 et le début d’année 2024 sont marqués par une anomalie de température moyenne de l’ordre de +2°C en Occitanie. Le sud-ouest de la région est largement excédentaire en précipitations sur cette période alors que le sud-est méditerranéen cumule les mois déficitaires jusque fin janvier 2024. Pour des raisons opposées (excès d’eau et sécheresse), ces conditions sont assez défavorables à la mise en place et à la levée des cultures d’hiver sur toute la région. La douceur hivernale impacte certaines espèces fruitières (manque de froid sur abricots) et conduit globalement à une légère avance dans les stades physiologiques au début du printemps.

A la sortie du premier trimestre 2024, les Pyrénées-Orientales ainsi que quelques secteurs de l’Aude restent dans une situation de sécheresse extrême. Au début du printemps le manteau neigeux des Pyrénées accuse un déficit de l’ordre de 50% par rapport aux normales et une grande partie des retenues ne sont pas saturées.

Le printemps et le début d’été météorologique sont marqués par un temps maussade qui génère un sentiment de morosité assez généralisé qui pèse sur la consommation des fruits et légumes de printemps/été. Les températures reviennent au niveau des normales et même en-dessous au mois de mai. Les précipitations redeviennent excédentaires pour la première fois depuis de nombreux mois sur le bassin méditerranéen. Même les Pyrénées-Orientales renouent avec des niveaux de précipitation normaux au printemps, ce qui est favorable à la végétation sans avoir pour autant d’impact significatif sur les ressources souterraines qui restent extrêmement déficitaires dans ce département. L’indice d’humidité des sols au 1er Juillet reste déficitaire des plaines du Roussillon à l’est audois.

Ce printemps, relativement pluvieux, engendre une pression phytosanitaire élevée sur de nombreuses cultures. On peut citer le mildiou sur vigne ainsi que différentes maladies cryptogamiques dégradant la qualité et la conservation des récoltes tant en fruits et légumes qu’en grandes cultures. Les excès d’eau et les fortes pluies peuvent également nuire à la pollinisation et conduire à des éclatements de fruits en particulier sur cerises. Le gel et la grêle ont quelques conséquences localisées en particulier sur les productions ne disposant pas de moyens de lutte adaptés. La viticulture lotoise est ainsi particulièrement touchée par l’épisode de gel de fin avril. Dans l’ensemble, ces conditions sont assez peu limitantes pour les rendements mais ont une incidence assez forte sur la mise en place des cultures et la qualité des productions.

Figure 1 : Ecarts aux normales des températures et précipitations dans le bassin Sud-Ouest

Source : Agreste-Météo France, normales 1991-2020

Figure 2 : Ecarts aux normales des températures et précipitations dans le bassin Sud-Est

Source : Agreste-Météo France, normales 1991-2020

Prix : un début d’année globalement stable

Après la forte inflation qui a caractérisé l’année 2022 et le premier semestre 2023, on assiste à une relative accalmie. Les indices généraux (IPPAP et IPAMPA) des prix des produits agricoles et des intrants sont ainsi relativement stables depuis le début de l’année 2024 (figures 3 et 4).

S’agissant des principaux intrants (figure 4), les prix des sources d’énergie restent sujet à une certaine volatilité sans trop s’écarter de la valeur moyenne de 2023. Les produits de protection des cultures et les engrais restent au niveau de la fin d’année précédente. L’alimentation animale poursuit la baisse engagée depuis le début 2023 : -4,9% entre mai 2024 et décembre 2023 et -15% depuis janvier 2023.

S’agissant des productions agricoles la stabilité de l’indice général (IPPAP - figure 3) masque des variations importantes entre filières. Les prix des animaux de boucherie sont globalement en hausse depuis le début de l’année (ovins : +8,1% ; gros bovins : +4,6%, porcins : +13,4%).

Les laits de brebis et de chèvre enregistrent une baisse saisonnière classique, se maintenant toutefois à un niveau supérieur à celui de mai 2023 (+2%). Le prix du lait de vache est relativement stable et se maintient quasiment au niveau de mai 2023 (-0,2%).

Le vin poursuit la baisse engagée depuis le second semestre 2022 (-5,3% depuis décembre 2023). Les cours des céréales et oléagineux connaissent un rebond depuis le mois d’avril après un premier trimestre qui restait marqué par la décroissance régulière engagée depuis juin 2022.

Figure 3 : Indices mensuels nationaux et des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA)

Source : Agreste – INSEE

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Figure 3- Indices mensuels nationaux et des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA)
IPAMPA- Indice totalIPAMPA- Engrais et amendementsIPAMPA- Énergie et lubrifiantsIPAMPA- Aliments des animauxIPAMPA- Produits de protection des cultures
2022-05 134 242.1 173.6 140.3 102.2
2022-06 136.6 237 198.3 142.2 102.9
2022-07 136 236.7 182.2 144.9 103.3
2022-08 136.7 241.8 173.8 145.3 104.5
2022-09 137.2 253 163.5 146 105.6
2022-10 139.9 255.7 188.5 146.7 105.6
2022-11 139 248.8 177.9 147.6 108
2022-12 137.2 240.3 165.7 147.7 108.7
2023-01 137.7 228.5 175.6 148 109.4
2023-02 136.1 214.4 168.5 147.3 110.2
2023-03 134.9 199.5 167.5 146.7 112
2023-04 132.9 185.9 160.1 144.7 112.8
2023-05 130.9 178.7 151 142.3 112.9
2023-06 129.4 167.7 152.6 140.2 113.3
2023-07 128.3 156.4 157.1 137.7 113.3
2023-08 129.5 156.6 173.8 136.1 113.5
2023-09 129.9 154.5 182.4 134.7 113.8
2023-10 129.4 155.8 177.9 133.1 113.9
2023-11 128.4 154.5 170.6 132 112
2023-12 127.1 149.9 163 131.5 110.3
2024-01 126.6 148.5 161.8 130.4 109.6
2024-02 127.1 148.4 171.5 128.7 109.5
2024-03 127 147.5 168.4 127.3 111.1
2024-04 126.7 147 167 126 111.6
2024-05 125.8 145.2 160.3 125 111.7

Figure 4 : Indices mensuels nationaux des prix agricoles à la production (IPPAP)

Source : Agreste – INSEE

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Figure 4- Indices mensuels nationaux des prix agricoles à la production (IPPAP)
IPPAP - Indice généralIPPAP - OvinsIPPAP -Lait BrebisIPPAP - CéréalesIPPAP - Gros BovinsIPPAP - VinsIPPAP -Porcins
2022-05 140.4 118.7 96.5 212.9 140.8 124.7 119.6
2022-06 136.4 118.6 98.3 199.9 142.3 120.5 120.4
2022-07 133.8 120.2 103 182.7 142.5 119.8 128.3
2022-08 139 119.3 110.2 181 142.8 118 136.4
2022-09 141 119.1 118.6 185.9 143.9 114.1 140.3
2022-10 141.2 119.5 125.2 186.2 145.2 110.9 138.5
2022-11 139.9 123.8 126.3 176.4 144.4 115.5 127.8
2022-12 138.3 126.2 125.4 165.9 143.5 112.2 126.7
2023-01 139.2 121.9 120.9 158.7 143.6 113.3 132.4
2023-02 141.1 118.2 114.3 157.4 144.3 112.7 146.3
2023-03 139.7 122.3 111.1 145.6 147.1 111.6 158.1
2023-04 136 125.7 108.3 135.3 146.1 109.8 159.3
2023-05 131.2 123.4 108.2 121.6 144.6 110.2 150.1
2023-06 132.1 122.4 108.2 125.8 145.1 110.6 151.8
2023-07 125.6 121.2 114.5 131.5 142.6 109.2 158.3
2023-08 123.8 119.4 117.8 128.8 142.9 105.1 150
2023-09 126.3 119.8 123.6 126.6 145.3 105.4 140.3
2023-10 126.8 123.5 129.3 124 143.3 104 132.6
2023-11 126.8 127.7 130.3 120.9 138.9 102.4 124.2
2023-12 127.5 131.3 129.4 119.4 136.9 104.2 124.2
2024-01 128.3 130.1 126.7 115.3 138.7 103.2 125.2
2024-02 126.3 127.3 120.3 106.3 141.3 100.9 129.9
2024-03 127.6 136.6 113.2 103.6 142.2 101.8 140.1
2024-04 127.3 141.6 110.4 109.8 141.7 99.1 142.2
2024-05 129.5 142 110.5 128.3 143.2 98.7 140.9

Fruits et légumes : prévisions de récoltes et suivi de la production

La météo est un facteur d’influence majeur pour la filière fruits et légumes, en impactant à la fois la production et la consommation.
Ce début d’année 2024 se caractérise, au niveau national, par un hiver relativement doux et un printemps particulièrement maussade avec le mois de mai le plus pluvieux que la France ait connu depuis 2013. Ceci conduit à un sentiment de morosité qui pèse sur la consommation des fruits et légumes de printemps-été.

En Occitanie, l’abondance relative des précipitations y compris dans des secteurs jusqu’ici très fortement impactés par la sécheresse (Aude et Pyrénées-Orientales) est globalement favorable aux rendements. Toutefois, les conséquences d’une sécheresse de plus de 2 ans dans le Roussillon sont loin d’être totalement annihilées par quelques mois relativement pluvieux.

Le gel et la grêle restent marginaux au niveau régional et ont été globalement bien contenus par les agriculteurs (filets, équipements anti-gel).

En revanche, plusieurs phénomènes modèrent les niveaux de productivité. Le manque de froid hivernal impacte notamment les abricotiers et les salades.
Les fortes pluies et l’abondance des précipitations altèrent la pollinisation (pommiers, abricotiers…) et peuvent produire des fruits gorgés d’eau de faible qualité comme sur courgettes. Ces conditions vont jusqu’à produire des éclatements de baies en particulier sur les cerises non protégées par des filets. Dans cette humidité ambiante, les maladies cryptogamiques pèsent globalement sur la qualité des récoltes de nombreuses productions.
Les fortes variations de température induisent quant à elles des chutes physiologiques constatées notamment sur pêchers et pommiers.
Certaines pressions de ravageurs semblent difficiles à maîtriser comme les pucerons sur pommiers.

S’agissant des principales productions de fruits et légumes suivies au niveau régional en conjoncture , comme chaque année, l’état des prévisions en cours de campagne (rendements, surfaces) est variable en fonction des espèces (figure 5). L’abricot, en particulier dans le Gard, comme dans toute la vallée du Rhône, est particulièrement touché avec une prévision de rendement en baisse de -21% par rapport à 2023.
Dans une moindre mesure la production de courgette subit les « mauvaises » conditions météo du printemps conduisant à des rendements en recul de -8%, alors que les surfaces baissent également de -7%.
Les prévisions de récolte pour les autres productions se situent, à ce stade, à des niveaux relativement acceptables mais la consommation et la valeur des cours seront des éléments déterminants pour le bilan économique des exploitations.

Figure 5- Tendances d’évolution des surfaces et rendements des principaux fruits et légumes en 2024 en Occitanie

Source : Prévisions de récolte ou estimations provisoires SRISET, SAA, Agreste (*moy dec = moyenne 2014-2023)

Fruits et Légumes : suivi des marchés au stade expédition

L’impact de la mauvaise météo sur la consommation semble avoir eu un effet négatif sur le marché au stade expédition au premier semestre.

La demande en pomme est focalisée sur les variétés rustiques avec des déstockages lents surtout sur la Golden. La fin de campagne est dominée par une faible activité. La pression est mise sur les prix par la grande distribution. La fin de campagne est peu favorable avec une orientation de la consommation vers d’autres fruits (essentiellement la fraise). Quelques leviers sont mis en place avec des promotions et des mises en avant.

L’artichaut démarre avec 3 semaines d’avance. La campagne est marquée par une variation des prix en fonction des tailles, suivie rapidement par une baisse sur l’ensemble des calibres. Le colis de 15 domine la campagne. Au début de la campagne, l’offre est insuffisante par rapport à la demande, conséquence de la météo sur le volume de production. Petit à petit, le marché s’équilibre avec une consommation à la hausse, la diminution de l’apport hispanique et la mise en place de promotions. La campagne se clôture mi-mai (figure 6).
Le début de campagne en concombre est marqué par des volumes limités. Au fil des semaines, la production augmente et la demande faiblit. La concurrence est forte tant entre les bassins de production nationaux qu’au niveau européen. Très tôt, des actions promotionnelles sont mises en place pour fluidifier le marché. La demande de la grande distribution est active.

L’offre en salade est importante par rapport à une demande limitée mais régulière. Au cours des semaines, un équilibre est trouvé avec l’inversion des deux tendances. L’activité est plus dynamique en grande distribution par rapport aux grossistes. Il est noté quelques actions de promotions en fonction des variétés. La campagne se clôture fin avril (figure 6).

La campagne de la cerise se met en place avec une semaine de retard. Dans le Sud-Ouest, la récolte s’annonçait prometteuse, finalement, elle est en deçà des attentes avec une qualité faible (qui induit un problème de stockage et favorise la vente directe). Un consensus est trouvé sur le prix pour écouler les stocks. Les soucis de qualité liés aux fortes pluies dans certaines régions rendent la fin de campagne difficile. Les actions de promotion sont mises en place pour contrecarrer la concurrence des autres régions. La fin de campagne est légèrement dynamisée par une meilleure météo et une demande qui reste présente dans la grande distribution.

L’abricot du Roussillon démarre sa campagne avec une prévision de récolte correcte. La production espagnole est importante avec pour conséquence une forte exportation. La concordance du pic de production national et la mauvaise météo, qui n’incite pas la consommation, rend le contexte plus compliqué. Le marché profite du creux de production inter-variétale et de quelques actions promotionnelles pour se dynamiser.

Comme l’abricot, la campagne des pêches/nectarines débute avec une bonne prévision de récolte. Mais les cours sont en deçà de la moyenne olympique et en particulier sur le marché de gros. La présence d’une forte concurrence espagnole avec des prix significativement inférieurs freine le basculement de la grande distribution sur la production française. Les volumes importants font chuter les prix du marché en début de campagne.

Figure 6- Suivis des cours des laitues pommées et artichauts calico au stade expédition
Centre RNM de Perpignan

Source : estimations SRISET, relevés RNM, moyenne olympique (2019-2023)

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Figure 6.a- Suivis des cours des laitues pommées au stade expédition - Centre RNM de Perpignan
SemaineCours 22/23Cours 23/24Moyenne Olympique Seuil de prix anormalement bas
45 0.51 0.75 0.56 0.45
46 0.50 0.75 0.55 0.42
47 0.50 0.75 0.53 0.40
48 0.50 0.75 0.56 0.42
49 0.51 0.75 0.57 0.43
50 0.56 0.75 0.60 0.45
51 0.60 0.75 0.60 0.45
52 0.60 0.75 0.60 0.45
1 0.59 0.75 0.60 0.45
2 0.60 0.75 0.62 0.47
3 0.66 0.74 0.64 0.48
4 0.70 0.70 0.66 0.50
5 0.75 0.70 0.67 0.50
6 0.90 0.69 0.67 0.50
7 0.90 0.60 0.64 0.48
8 0.90 0.57 0.59 0.44
9 0.90 0.55 0.54 0.41
10 0.90 0.55 0.50 0.38
11 0.89 0.55 0.48 0.36
12 0.79 0.55 0.49 0.37
13 0.75 0.55 0.50 0.38
14 0.66 0.55 0.54 0.40
15 0.63 0.55 0.59 0.44
16 0.55 0.56 0.61 0.45
17 0.55 0.64 0.60 0.45
Source : estimations SRISET, relevés RNM, moyenne olympique (2019-2023)

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Figure 6.b- Suivis des cours des artichauts Calico au stade expédition- Centre RNM de Perpignan
SEMAINECours 2023Cours 2024Moyenne Olympique Seuil de prix anormalement bas
11 ' 1.16 '
12 ' 1.15 1.03 0.77
13 ' 1.20 0.95 0.72
14 ' 1.15 0.95 0.71
15 ' 1.08 0.92 0.69
16 1.20 1.01 0.93 0.70
17 1.18 1.00 0.89 0.67
18 1.00 1.00 0.83 0.63
19 0.85 1.00 0.76 0.57
20 0.75 0.93 0.65 0.49
21 0.62 ' ' '

Viticulture un démarrage de campagne en demi-teinte

Après une campagne de production médiocre en 2023, la saison 2024 démarre en demi-teinte.
Sur une grande partie de la région, y compris au niveau de l’arc méditerranéen, le déficit hydrique ne constitue pas à ce jour une problématique majeure pour le développement de la vigne. Les pluies printanières permettent une recharge suffisante des réserves utiles des sols pour assurer le développement végétatif de ce début de saison.
En revanche, la contrepartie de ce printemps relativement humide est la forte pression mildiou qui sévit sur les différents vignobles de la région avec plus ou moins d’intensité. Les capacités de maitrise de l’infestation constitueront des facteurs clés du rendement sur de nombreuses zones en 2024.
Par ailleurs, certains secteurs connaissent quelques épisodes de gel ou de grêle. A ce jour, le fait le plus marquant est l’impact du gel de fin avril sur le vignoble du Lot qui a été fortement touché.
Au niveau commercial, le suivi des échanges sur le marché du vrac (cf. tableau 1) témoigne de la morosité persistante du marché du vin en particulier pour les vins rouges.

Au 1er mai, les volumes de vins sous IGP (indication géographique protégée) échangés en vrac sont en repli de -16% par rapport à la campagne précédente à la même date. Cette baisse est encore plus forte pour les vins rouges : -22%. A contrario, les vins sans Indication géographique (sans IG) progressent de +7% par rapport à la campagne précédente. Dans le même temps, les transactions portant sur les vins Bio semblent se stabiliser même si leur niveau reste très inférieur à la moyenne triennale (-16%).

Du point de vue des prix, la décroissance se poursuit encore en 2024. Seules les IGP « résistent », avec une contraction des prix de « seulement » -3% par rapport à la moyenne triennale. S’agissant des vins sans IG et du Bio les baisses de prix sont respectivement de -8% et -14% par rapport à la moyenne 2020-2022.
La question de la double adaptation de la production viticole à l’évolution du marché du vin (demande nationale et mondiale) et aux changements climatiques constituent un sujet central pour les exploitations viticoles d’Occitanie.
Tableau 1- Volumes vrac cumulés et prix moyens au 01 mai 2024 depuis le début de la campagne 23/24 (semaine 26) et évolutions en % par rapport à 22/23 et moyenne 20-22 à la même date

Tableau 1 : volumes vrac cumulés et prix moyens au 01 mai 2024 depuis le début de la campagne 23/24 (semaine 26) et évolutions en % par rapport à 22/23 et moyenne 20-22 à la même dateSource: FranceAgrimer Occitanie , traitement SRISET

Volumes échangés (1000 hl)

% Vol N/N-1

Prix moyens (€/hl)

% Prix N/N-1

Vins sans IG (Vrac) 1 394 7% 82 -10%
dont vin rouges sans IG 460 4% 72 -7%
Vins IGP (Vrac) 4 756 -16% 94 -3%
dont vins rouges IGP 1 783 -22% 91 -2%
Vins Bio (Vrac) 219 3% 141 -10%

Source : FranceAgrimer Occitanie , traitement SRISET

Grandes cultures : un début de récolte incertain dans un contexte de baisse des surfaces en céréales à paille

Évolution des surfaces en 2024

En Occitanie, les surfaces en céréales à paille diminueraient par rapport à la campagne précédente : -19% en blé tendre, - 11% en blé dur, - 16% en orge d’hiver (contre une augmentation de 76% des orges de printemps).
En revanche, les superficies en colza augmenteraient par rapport à 2023 +16%.
Les surfaces en maïs progresseraient globalement de 22 %, après le recul de 2023 consécutif à la sécheresse de 2022. Les surfaces en maïs grain augmenteraient de près d’un tiers, alors que les surfaces en maïs semences diminueraient de 26% par rapport à l’an dernier. Le tournesol et le soja seraient en baisse respectivement de 3% et 21%. En revanche, le sorgho poursuit sa progression et augmenterait de 82%.

État des cultures et influence des conditions météorologiques

Les récoltes des orges débutent mi-juin. Les moissons des céréales à pailles sont en cours avec 10% des surfaces récoltées au 1er juillet (dont un tiers de la sole d’orge).
Les rendements des céréales à paille présenteraient une forte hétérogénéité avec des poids spécifiques faibles. La productivité serait inférieure à la moyenne même si les premiers résultats sont moins décevants que ceux qui étaient pressentis. L’humidité qui perdure en fin de cycle favorise la pression sanitaire. L’impact des maladies (dont la maladie des pieds chétifs, la fusariose, la septoriose) et la présence de mycotoxines restent encore à déterminer. Localement sur certains secteurs et plus globalement en zone méditerranéenne les résultats seraient corrects à ce jour. Les moissons restent toutefois perturbées par des pluies intermittentes.
Pour les cultures d’été, les plages de semis s’étalent et se terminent fin juin. Les stades de développement des cultures sont hétérogènes. La pression des ravageurs est importante (limaces, taupins, palombes) avec une levée lente en raison du manque de températures efficaces.
En Camargue, les semis de riz s’échelonnent du 15 mai au 10 juin. L’implantation est retardée par les conditions humides persistantes. Les stades de développement sont hétérogènes, la majorité des riz sont au stade tallage au 1er juillet. La croissance végétative est lente avec les températures inférieures à la normale,

Tendance des cotations

Les cotations des céréales à paille (figure 7) sont en baisse sur un an et par rapport à la moyenne quinquennale. Au 28 juin, la cotation du blé tendre rendu Rouen est légèrement inférieure à celle de l’an dernier (-2% avec 223 €/tonne en 2024). Le regain observé au mois de mai ne s’est pas poursuivi même si la cotation moyenne reste stable sur le mois de juin 2024 par rapport à 2023 (figure 7).
Le blé dur rendu Port-la-Nouvelle et le maïs rendu Bordeaux poursuivent leur baisse : respectivement de -14% et -16% sur un an. Ils atteignent respectivement 305 €/tonne et 232 €/tonne. La moyenne de ces cotations sur le mois de juin est également en diminution par rapport à la moyenne quinquennale (-8% pour le blé dur et -2% pour le maïs).
Le colza rendu Rouen est quant à lui en hausse de +9% entre le 28 juin 2023 et 2024, passant de 432 €/tonne à 470 €/tonne. Le tournesol rendu Bordeaux augmente de +4% entre ces deux dates pour atteindre 447 €/tonne.

Figure 7a- Suivis des cours du blé tendre, rendu Rouen

source : FranceAgriMer, La dépêche

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Figure 7a- Cours du blé tendre rendu Rouen
Moyenne 2018-20222022-20232023-2024
juil 183.82 345.62 234.72
aout 190.68 330.32 227.42
sept 190.36 333.70 227.71
oct 199.65 344.16 229.89
nov 205.49 325.29 221.76
déc 203.82 304.89 218.34
janv 207.21 291.34 211.66
fév 206.25 283.89 198.60
mars 223.60 259.36 183.01
avril 226.63 241.60 194.60
mai 230.52 221.85 226.39
juin 222.81 230.73 230.27

Figure 7- Suivis des cours du tournesol, rendu Bordeaux

source : FranceAgriMer, La dépêche

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Figure 7b- Cours du tournesol, rendu Bordeaux
Moyenne 2018-20222022-20232023-2024
juil 182.48 325.08 238.38
aout 180.56 346.69 230.25
sept 178.19 342.84 214.74
oct 184.64 348.44 204.21
nov 186.71 325.90 205.45
déc 186.20 296.52 200.19
janv 191.66 291.84 192.21
fév 194.65 301.80 177.34
mars 212.08 279.04 180.24
avril 211.63 258.83 193.27
mai 221.01 232.87 211.99
juin 214.10 239.06 209.28

Productions animales et fourrages

Bovins viande : des exports de broutards en hausse, un repli des volumes abattus et une hausse des prix qui se poursuivent.

Sur les 4 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024, la région enregistre un léger retrait de -2% des volumes abattus de bovins. L’évolution régionale est de -7% pour les vaches, de -3% pour les génisses et de +1% pour les veaux. En lien avec la diminution des abattages qui tend le marché, et après un repli important dans le courant du troisième trimestre 2023, le cours de la vache de réforme continue toujours de progresser depuis la fin de l’année sans toutefois revenir aux niveaux records du premier semestre 2023. La cotation vache de type « O » Grand Sud entrée abattoirs standard (SDT) hors SIQO atteint 4,25 €/kg en semaine 25, soit -7% par rapport à 2023, contre -15% en début d’année.
En avril, les exportations régionales de broutards marquent une hausse de +18% par rapport à 2023, et de +2% sur les 4 premiers mois de l’année.
Les marchés perturbés par l’apparition de la maladie hémorragique épizootique entre 2022 et 2023 se sont réorganisés notamment vers l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Après une période d’accalmie qui semblait liée aux conditions météorologiques favorables, de nouveaux cas sont recensés début juin dans la région, et pourraient à nouveau perturber les exportations. En France, à la date du 14 juin 2024, 4319 foyers de la maladie ont été recensés dont un peu moins de la moitié en Occitanie.
Selon le Kantar Wordlpanel (KWP), la baisse de la consommation de viandes de bœuf des ménages français se poursuit mais ralentit. De -12% entre 2022 et 2021, elle est de -3% entre 2022 et 2023. Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, la tendance reste la même mais moins marquée avec un repli de -1,3% des achats de viandes de boucherie de bœuf.

Bovins lait : des volumes et prix du lait en baisse, en particulier sur le bio

Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, les volumes régionaux de lait de vache livrés à l’industrie enregistrent une baisse de -4,2% par rapport à la même période de l’année 2023 contrairement aux volumes nationaux qui progressent de 1,3%.
L’agriculture biologique représentait 9% du total livré en 2023 par les producteurs de la région avec 48,7 millions de litres livrés à l’industrie (soit 4% des volumes nationaux). Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, les volumes de lait de vache biologique livrés à l’industrie par les producteurs de la région enregistrent une baisse de -8,6% par rapport à la même période de l’année précédente, la baisse est de -4,1% au niveau national.
Le prix du lait bio passe en dessous du prix du lait conventionnel, ce dernier se stabilisant légèrement au-dessus des hauts niveaux de 2023 (figure 8).
Figure 8- Evolution intra-annuelle du prix moyen mensuel de lait de vache payé aux producteurs en Occitanie

Source : Enquête EML – Estim- FranceAgrimer - SSP

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Figure 8- Evolution intra-annuelle du prix moyen mensuel de lait de vache payé aux producteurs en Occitanie
Moy 2018-2022 Bio2023 Bio2024 BioMoy 2018-2022 Non Bio2023 Non Bio2024 Non Bio
Janvier 473 502 499 343 479 443
Février 461 487 488 346 479 446
Mars 449 468 462 342 465 438
Avril 401 432 431 339 443 439
Mai 399 420 422 340 431 438
Juin 430 454 ' 345 426 '
Juillet 451 474 ' 354 443 '
Août 462 498 ' 361 447 '
Septembre 490 511 ' 363 452 '
Octobre 494 517 ' 368 440 '
Novembre 493 519 ' 359 439 '
Décembre 485 514 ' 362 438 '

Ovin viande : une baisse significative des abattages d’ovins de réforme, des prix toujours très hauts

Sur les 4 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024. Les volumes abattus d’agneaux diminuent de -8,3% sur la même période et ceux des ovins de réforme de -14,4%.
La pénurie de l’offre à l’international et celle des cheptels français se poursuivent. Les coûts de production demeurent cependant élevés, même s’ils le sont moins qu’en 2022.
Selon le KWP, la baisse de la consommation de viandes ovines des ménages français se poursuit mais ralentit. De -15,2% entre 2022 et 2021, elle est de -2% entre 2022 et 2023, mais de -6,4% sur les 4 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024.
Le cours de l’agneau reste à des niveaux records. Le prix de l’agneau couvert R 16/19 kg Grand Sud est de 9,75 €/kg de carcasse en semaine 14 soit +13% par rapport à 2023, mais +42% par rapport à la moyenne 2019-2021.

Ovins lait : volumes en légère baisse

Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, les volumes régionaux de lait de brebis livrés à l’industrie enregistrent une baisse de -4,3% par rapport à la même période de l’année 2023.
L’agriculture biologique représentait 14% du total livré en 2023 par les producteurs de la région avec 30,2 millions de litres livrés à l’industrie. Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, les volumes de lait de brebis biologique livrés à l’industrie par les producteurs de la région enregistrent une baisse de -5.4% par rapport à la même période de l’année précédente.

Caprins lait : volumes en légère baisse

Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, les volumes régionaux de lait de chèvre livrés à l’industrie enregistrent une baisse de 3,5% par rapport à la même période de l’année 2023.
L’agriculture biologique représentait 5% du total livré en 2023 par les producteurs de la région avec 3,4 millions de litres livrés à l’industrie. Sur les 4 premiers mois de l’année 2024, les volumes de lait de chèvre biologique livrés à l’industrie par les producteurs de la région enregistrent une baisse de -4.2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Porcins : des volumes en légère hausse, des cours soutenus

Sur les 4 premiers mois de l’année entre 2023 et 2024. L’évolution était à la baisse de -5% entre 2022 et 2023, et de -1% entre 2021 et 2022.
Coté cotation, les cours, en deçà des hauts niveaux de 2023, restent cependant soutenus par une offre restreinte. La cotation du porc charcutiers de classe U Grand Sud est de 2,20 €/kg de carcasse en semaine 25 soit -10% en-dessous de celle de l’année 2023 mais +15% par rapport à 2022 à la même date. Les coûts de production s’orientent à la baisse depuis le début de l’année repassant même en dessous du niveau de 2022 depuis le mois de février.

Volailles et palmipèdes gras : une hausse des abattages et une situation sanitaire favorable

Après deux années de baisse liée au contexte défavorable de la crise de l’Influenza Aviaire, la situation sanitaire s’est améliorée en 2023 avec la mise en place des mesures de biosécurité et d’une campagne de vaccination depuis le mois d’octobre. Entre le 27 novembre 2023, date du premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) détecté cet automne, et le 16 janvier 2024, seul dix foyers IAHP ont été confirmés en élevage en France, tous hors d’Occitanie (Somme, Morbihan, Nord et Vendée).

Fourrages

La pousse de l’herbe au premier semestre est globalement excédentaire au niveau régional avec un bémol pour une partie des Pyrénées et de l’est audois (figure 9). Les principales difficultés sont d’ordre qualitatif.

Figure 9- Cartographie des indicateurs de rendement des prairies permanentes calculés par le modèle Isop au 20 juin 2024

Météo France, INRAE, SSP, Cartographie Sriset

Premiers résultats économiques officiels de l’agriculture en 2023 : les comptes régionaux provisoires

Valeur de la production agricole en baisse de 1,9 % en 2023 en Occitanie

La valeur de la production agricole 2023 recule pour les productions végétales (-5,8 % au niveau national, et -4,1 % en Occitanie), et poursuit sa progression pour les productions animales (respectivement +4,9 % et +1,1 %). Au total le recul est de -1,5 % au niveau national et de -1,9 % pour l’Occitanie.
L’effet prix est majeur dans ces variations, avec en particulier la forte baisse des cours des céréales, oléagineux et protéagineux, qui affecte plus particulièrement les régions les plus spécialisées en grande culture (Centre-Val de Loire, Île-de-France). En Occitanie, comme dans la plupart des régions, cette baisse est atténuée par la progression des rendements, qui reviennent à des valeurs plus normales en 2023, après un point bas du fait de la sécheresse exceptionnelle de 2022 (la production de céréales progresse de +24 % en Occitanie par rapport à 2022).
La baisse des prix affecte également la valeur de la production viticole. En ce qui concerne l’Occitanie, cela est accentué par le recul des volumes lié à une sécheresse toujours marquée dans la partie méditerranéenne de la région, et au mildiou dans la partie Ouest.
Le volume des produits animaux est d’une manière assez générale en baisse (bovins, porcins, lait, œufs), hormis celle des volailles, qui se redresse après le recul important de 2022 lié à l’épizootie d’influenza aviaire. La progression des prix dans un contexte d’offre limitée pour la plupart des produits, permet toutefois une hausse globale en valeur.

Le montant total des subventions en hausse en 2023 en Occitanie

Après avoir baissé en 2022 pour toutes les régions (à l’exception des Pays de la Loire), le montant total des subventions dues au titre de la campagne 2023 recule à nouveau dans 9 régions sur 13. L’Occitanie échappe toutefois à la tendance dominante, avec une progression de +5,8% en raison de la mise en place de plusieurs dispositifs d’aides de crise. Le montant total des subventions attribuées aux exploitations occitanes au titre de 2023 s’élève à 1363 millions d’euros, ce qui représente 14,55 % du total pour la France métropolitaine.

La valeur ajoutée recule à nouveau en 2023

La valeur totale des consommations intermédiaires ne varie qu’assez peu en 2023 : +0,6% pour l’agriculture régionale et +1,3% au niveau national. Le ratio consommations intermédiaires / production de l’agriculture (en valeur) est plus défavorable pour l’Occitanie (66,4 % en 2023 pour 60,3% à l’échelle nationale) et continue à se dégrader (+ 1,7 point par rapport à 2022 en Occitanie).
In fine, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (avec prise en compte des subventions et des impôts de production) diminue en 2023 de -3,3 % pour la région Occitanie (-4,8 % pour la France métropolitaine).
Occitanie, PACA et Corse sont toujours les régions avec les résultats économiques les plus faibles. La valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en Occitanie s’élève ainsi à 39 700 € en 2023, soit 59 % de la moyenne nationale.
En Occitanie, cette VA brute par actif baisse de -8,2 % en termes réels (variations corrigées de l’inflation) pour un recul de 9,6 % de la moyenne nationale. Cette variation régionale fait suite à une baisse observée déjà en 2022 pour les régions du Sud de la France (- 4,9 % pour l’Occitanie), alors qu’un rebond assez spectaculaire avait au contraire été constaté dans les régions plus septentrionales (+ 14,4 % pour la moyenne nationale, et jusqu’à + 40 % dans les régions Grand Est et Hauts-de-France).
Rappel : la valeur ajoutée brute au coût des facteurs est un indicateur macro-économique de l’activité agricole régionale, qui ne prend en compte ni les amortissements ni les charges sociales des exploitants.

Sources des données – Méthode

Les informations présentées dans cette publication qui concernent les rendements, les surfaces et les cours des fruits et légumes 2024 sont basées sur des estimations précoces de production établies au premier semestre de l’année, ainsi que sur le travail d’enquête et les données du réseau des nouvelles des marchés (RNM). Les estimations précoces de production sont élaborées par le SRISET à partir de données administratives, du suivi d’un échantillon d’exploitations, et d’informations collectées auprès des correspondants agricoles locaux, des organismes professionnels, des agriculteurs.

Pour en savoir plus

La rubrique Conjoncture agricole du site internet de la DRAAF Occitanie
La rubrique Conjoncture agricole nationale du site Agreste
Le site du réseau des nouvelles des marchés

Sur les comptes de l’agriculture 2023 provisoires :

Le Primeur national – Juillet 2024 N° 4 - Comptes régionaux de l’agriculture 2023
Le Dossier – Juillet 2024 N° 2 - Commission des comptes de l’agriculture de la nation – session du 3 juillet 2024


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