Bilan de conjoncture 2023 : des niveaux de production globalement satisfaisants dans un contexte économique et commercial difficile
Après une année 2022 marquée par une sécheresse généralisée au sein de la région, la campagne agricole 2023 présente des conditions de production globalement plus favorables. En règle générale, les volumes de production renouent avec des niveaux plus habituels. Ce constat est à modérer au niveau de l’arc méditerranéen, en particulier pour la partie sud-est de l’Aude et du Roussillon, toujours confrontée à une situation de sécheresse exceptionnelle. Des excès de pluie et des aléas climatiques impactent la qualité et les rendements de certaines productions de façon plus ou moins ponctuelle (mildiou pour la viticulture du Sud-Ouest, qualité des fruits et des céréales...).
Prix : une légère décroissance de l’inflation qui n’est pas forcément favorable pour les marges économiques des exploitations
Le contexte inflationniste qui a connu une très forte croissance en 2022, amorce une décrue en fin d’année 2023. L’indice général des prix à la consommation enregistre tout de même une hausse de 4,9% sur l’année 2023 quand celle-ci était de 5,2% en 2022.
S’agissant des prix des produits alimentaires (fig.1), l’inflation perdure fin 2023 mais marque un très fort ralentissement depuis le second semestre (+4,8% au 1ersem. 2023 contre +0,5% au 2nd sem. 2023). L’impact négatif sur l’attractivité de certains produits comme le vin ou les produits Bio se poursuit malgré tout en 2023. Cette année, d’après l’observatoire de la consommation Bio, 56% des consommateurs déclarent acheter au moins une fois par mois des produits Bio quand ils étaient 60% en 2022 et 76% en 2021.
Ces tendances de réduction de la consommation constituent des sujets majeurs de préoccupation pour l’économie agricole de la région.
Figure 1 : Indice mensuel national des prix à la consommation
Du côté des prix de vente agricoles (IPPAP, tab.1 et fig.2), la tendance générale est à la baisse mais les évolutions sont très inégales en fonction des secteurs.
Les baisses les plus spectaculaires concernent les céréales et les oléagineux avec une diminution de l’ordre de 30%. Ils reviennent à des niveaux proches de 2020 après une forte hausse en 2021 et 2022. D’autres secteurs comme le vin accusent des réductions moins marquées, sans doute de nature plus structurelle, qui conduisent à des niveaux de prix, proches de ceux de 2020, voir même de 2015.
A l’opposé, les fruits et légumes ainsi que l’élevage sont à la hausse tout comme le porc qui connaît la plus forte augmentation avec des niveaux historiques en début d’année.
Années | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | Evolution |
---|---|---|---|---|---|
Indice général | 108,5 | 118,3 | 143,7 | 138 | -4,0% |
Céréales | 108,4 | 139,6 | 197,6 | 143,3 | -27,5% |
Fruits frais | 122,2 | 141,7 | 131,3 | 133,2 | 1,4% |
Gros bovins | 96,8 | 103,2 | 134,7 | 140,4 | 4,2% |
Lait de vache | 109,8 | 114,6 | 137,8 | 145,5 | 5,6% |
Légumes frais | 126,5 | 125,1 | 136,7 | 140,5 | 2,8% |
Oléagineux | 102 | 148,3 | 190,2 | 124,2 | -34,7% |
Ovins | 106,2 | 116,2 | 126,5 | 130,8 | 3,4% |
Porcins | 111,5 | 106,7 | 133,9 | 160,9 | 20,2% |
Vins | 102,9 | 105,9 | 115,9 | 108,2 | -6,6% |
Source : Agreste – INSEE
Années | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | Evolution |
---|---|---|---|---|---|
Indice annuel général | 102,3 | 111,5 | 135,8 | 133,7 | -1,5% |
Semences et plants | 97,4 | 97,2 | 102 | 108,6 | 6,5% |
Énergie et lubrifiants | 99,7 | 119,3 | 168,4 | 162,5 | -3,5% |
Engrais et amendements | 87,8 | 116 | 202,8 | 153 | -24,6% |
Produits de protection des cultures | 93 | 92,2 | 96 | 104,3 | 8,6% |
Aliments des animaux | 101,3 | 112,7 | 140,8 | 141,4 | 0,4% |
Source : Agreste – INSEE
Les prix des moyens de production (IPAMPA, tab.2 et fig. 2) enregistrent également une baisse de 1,5% qui résulte de dynamiques contrastées entre, d’une part, une croissance significative des prix des produits de protection des cultures et des semences et plants, et d’autre part une baisse très importante des engrais et amendements après l’envolée de 2021/2022.
Les cours de l’énergie sont plus volatils avec, en moyenne, un léger retrait de 3,5%.
Dans le même temps, le prix de l’alimentation animale baisse au second semestre pour rester globalement proche de celui de 2022.
Figure 2 : Indices mensuels nationaux des prix agricoles à la production (IPPAP) et des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA)
La conjoncture 2023 permet donc le retour à un contexte de charges maitrisées pour les exploitations agricoles. Si en 2022, les hausses importantes des prix des intrants avaient globalement été compensées par la hausse des prix de vente ce n’est pas le cas en 2023 où l’écart entre les prix de vente des produits agricoles (IPPAP) et les prix d’achats des moyens de production (IPAMPA) se contracte de 45%. Cela impacte fortement les marges des exploitations et plus particulièrement dans les secteurs des grandes cultures et de la viticulture.
En analysant l’évolution du prix des intrants sur les huit dernières années (base 2015), on constate que le niveau absolu atteint par certains intrants comme les engrais, l’énergie et l’alimentation animale est très élevé depuis plus de 2 ans. Ces charges pèsent aujourd’hui structurellement sur les exploitations en ayant pour effet de renforcer la tension sur les prix des productions et donc sur les revenus des agriculteurs.
Météorologie : deux bassins hydrographiques pour deux situations antinomiques
Après une année 2022 caractérisée par une sécheresse généralisée, le premier trimestre de l’année 2023 démarre de façon plus clémente pour le bassin Sud-Ouest alors que le Sud-Est reste massivement déficitaire en précipitations.
Le printemps est globalement conforme aux normales dans le Sud-Ouest avec un léger déficit d’ensoleillement et des épisodes orageux à partir du mois de juin qui ont des conséquences localisées pour les moissons et certaines productions fruitières et légumières (prune, melon, cerise, raisin…).
Au niveau de l’arc méditerranéen, le manque de précipitation s’aggrave (fig.5) avec un secteur allant du Roussillon à l’est audois marqué par une quasi absence, de pluies efficaces (pour les milieux aquatiques et l’agriculture). Le 9 mai, le département des Pyrénées-Orientales est classé en crise sécheresse. Cela accentue les restrictions pour tous les usages de l’eau sauf en agriculture dont la contrainte est maintenue au niveau d’alerte renforcée.
Les épisodes orageux du mois de juin provoquent, comme dans le Sud-Ouest des dégâts de grêles localisés en impactant certaines cultures comme les abricots dans Gard.
A l’issue du printemps, le faible enneigement hivernal des Pyrénées a totalement fondu.
Le début d’été est globalement chaud et déficitaire en précipitations, sauf pour certains secteurs des Pyrénées-Orientales où quelques épisodes pluvieux sont salvateurs pour une partie des récoltes arboricoles.
Fin juillet, les indices d’humidité des sols et les indicateurs de sècheresse (fig. 3) montrent, de façon très nette, le contraste entre les deux bassins hydrographiques de la région. L’Ouest et la Lozère se trouvent dans une situation proche de la normale quand l’Est méditerranéen subit une sécheresse intense ayant notamment des conséquences sur les rendements des grandes cultures, de la viticulture et des prairies.
La fin d’été et l’automne, particulièrement chauds, voient le contraste s’accentuer entre les deux bassins de la région. Le Sud-Ouest subit un excès de précipitations qui a des conséquences sur les semis et les plantations alors que le Languedoc et le Roussillon restent fortement déficitaires.
L’analyse des arrêtés préfectoraux sècheresse (fig.6) montre une situation hydrique globalement moins contrainte qu’en 2022 dans le Sud-Ouest et en Lozère alors que la situation s’est largement dégradée sur le pourtour méditerranéen avec une crise historique dans le département des Pyrénées–Orientales.
Sources : Météo France, Office international de l’eau, MTE - Propluvia
Grandes cultures : une situation très contrastée entre l’Est et l’Ouest
Après une campagne 2021-2022 marquée par une sécheresse historique, les semis d’automne se réalisent dans des conditions peu favorables.
Début décembre, ils sont quasiment achevés. L’état des cultures est, malgré tout, bon à correcte. La douceur du climat automnal favorise le développement végétatif mais aussi celui des nuisibles.
Au début du printemps, la quasi-totalité des céréales à paille est au stade montaison. Les conditions de culture sont majoritairement bonnes voir excellentes.
Grâce à la pluviométrie du mois de mars, les implantations des cultures d’été débutent précocement et dans de bonnes conditions. La sole implantée en cultures irriguées est en diminution, des cultures moins gourmandes en eau comme le sorgho sont privilégiées.
Le retour à des températures plus fraîches et l’humidité des mois d’avril et de mai freine le développement des cultures. Les pluies orageuses fréquentes à partir de juin perturbent les moissons et dégradent la qualité des céréales à paille.
Les départements littoraux de la région subissent des récoltes de qualité médiocre à très mauvaise avec des rendements très faibles en raison de précipitations insuffisantes tout au long du cycle. Dans les cas les plus extrêmes, certaines parcelles n’ont pas été moissonnées.
L’ouest de la région, quant à lui, enregistre des rendements moyens à bons mais les poids spécifiques sont en dessous des normes. La répartition des rendements en blé dur par département (carte 1 et fig. 8) illustre la forte disparité entre l’arc méditerranéen et le reste de la région.
A contrario, les cultures d’été, bien implantées bénéficient de conditions climatiques humides et fraîches jusqu’à la mi-août à l’Ouest. Les rendements sont supérieurs à 2022 pour toutes les espèces et pour une majorité de cultures restent au-dessus de la moyenne quinquennale. Le sorgho, est le grand gagnant avec des estimations de surface, rendement et production en hausse respectivement de 27%, 42% et 80% par rapport à 2022. A l’instar du sorgho le pois chiche a également connu une campagne favorable.
Le contexte de commercialisation est cependant particulièrement difficile avec la poursuite de la chute des cours des céréales et des oléagineux (fig. 9), amorcée mi-2023, et confortée par le bon niveau de la récolte mondiale.
Le niveau des prix demeure, sauf exception, au-dessus de ceux qui prévalaient avant le début de la crise ukrainienne. Toutefois, ceci ne doit pas occulter la dégradation de l’équilibre économique des exploitations, fragilisé par le maintien des coûts de production à un niveau élevé (engrais, énergie).
Après une progression continue depuis 2013, la part de surface en céréales et oléoprotéagineux en agriculture biologique se maintient à 16% entre 2022 et 2023.
Sources : estimations SRISET FranceAgriMer, Agreste infos rapides, Panorama de la conjoncture de la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie.
Figure 7 : Comparaison des rendements régionaux 2022 et 2023 avec le rendement quinquennal 2018-2022
Figure 9 : Évolution trimestrielle (T) des prix payés aux producteurs en Occitanie par campagne (T1 – Juillet à Septembre)
Viticulture : une baisse de production aux causes multiples
La production mondiale de vin enregistre en 2023, d’après l’organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), son niveau le plus bas depuis 1961. L’Espagne et l’Italie sont les pays les plus touchés avec des baisses supérieures à -20% par rapport à 2022.
En France la production progresse de l’ordre de 5%, et reprend ainsi la première place mondiale à l’Italie. Dans le même temps, toujours selon l’OIV, la consommation planétaire recule pour atteindre son niveau le plus faible depuis 1996. L’effet de l’inflation semble peser fortement sur les achats de vin et encore plus fortement dans des pays qui connaissent des tensions importantes sur le pouvoir d’achat, comme la Chine dont la consommation régresse de -25% par rapport à 2022. En France, la diminution de la consommation de vin se poursuit à hauteur de -2,4% entre 2022 et 2023.
En Occitanie, à l’image des difficultés rencontrées par l’Espagne et l’Italie, La production baisse de -10%. Elle représente 92% de la production moyenne sur la période 2018-2022. Ce recul est néanmoins très hétérogène dans son intensité en fonction des territoires de la région (fig.11).
Le bassin du Languedoc-Roussillon subit les effets de la sécheresse estivale 2023, à l’exception du Gard dont la production progresse de +5% en atteignant le niveau de la moyenne quinquennale (3 millions d’hl). Les Pyrénées-Orientales, l’Aude et l’Hérault connaissent ainsi des chutes de production de -15% à -18%.
Dans l’ouest de la région, c’est le mildiou, favorisé par un printemps arrosé, qui affecte massivement la production de tous les départements, sauf le Gers qui progresse de +20% et se maintien au niveau de sa moyenne quinquennale. Le département le plus touché est le Lot avec un repli de -54% par rapport à 2022 (-51% par rapport à la moyenne 2018-2022).
Les volumes échangés sur le marché vrac durant la campagne 2023/2024 (au 1er février, cf. tab.3) se replient de -3.9% pour les vins sans indication géographique (IG) et de -23% pour les vins IGP par rapport à la campagne 2022/2023 à la même date. Sur ce marché, les prix sont également en baisse avec une contraction plus forte pour les vins rouges sans IG (-11.5% sur une année). Sur le marché du vrac, le bio ne résiste pas à ces tendances et les prix sont en baisse depuis août 2022.
L’origine de la crise viticole se situe avant tout dans le recul des ventes de vins, en particulier sur le marché national, principal débouché de la production régionale. Ce repli, qui traduit une baisse tendancielle de la consommation individuelle de vin, concerne en premier lieu les vins rouges, majoritaires en Occitanie (Languedoc-Roussillon), alors que les vins blancs et rosés semblent mieux résister. La région, premier territoire national en termes de surfaces Bio en viticulture (41 161 ha certifiés en 2022 selon les données de l’Agence Bio) fait ainsi face à deux crises (conjoncturelles) simultanées.
L’effet conjugué de ces crises d’origines diverses conduit à la mise en place d’un fonds d’urgence en 2024 pour venir en aide aux exploitations les plus fragiles (enveloppe de 80 millions à l’échelle nationale dont près de 46 millions pour l’Occitanie).
Source : statistique agricole annuelles (Agreste – Douanes), Organisation internationale de la vigne et du vin, FranceAgrimer Occitanie.
Volumes échangés | % Vol N/N-1 | Prix (€/hl) | % Prix N/N-1 | |
---|---|---|---|---|
Vins sans IG | 824,9 | -3,9% | 83,3 | -11,6% |
dont vin rouges sans IG | 263,8 | 17,5% | 69,9 | -11,5% |
Vins IGP | 2 867,7 | -23,3% | 96,3 | -2,4% |
dont vins rouges IGP | 725 | -41,1% | 92,7 | -0,9% |
Vins Bio | 140 | 13,9% | 140,2 | -10,1% |
Source : FranceAgrimer Occitanie , traitement SRISET
Figure 10 : Évolution de la production annuelle de vins par bassin en millier d’hectolitres
Figure 11 : Évolution de la production annuelle de vins des principaux départements de la région Occitanie
Fruits : des conditions productives mais peu qualitatives dans un contexte commercial concurrentiel
Les conditions météorologiques en 2023 sont finalement plutôt favorables à la production des fruits et légumes, notamment en plein air. Quelques pluies bienvenues en juin permettent de limiter l’ampleur et l’impact des mesures de restriction de l’irrigation, y compris dans les secteurs géographiques les plus secs (Pyrénées-Orientales, fig.6). Les aléas habituels (froid, grêle, pluie, maladies), bien que présents, n’ont globalement qu’un impact limité.
Ceci vaut pour l’abricot, les pêches et nectarines, les prunes le melon, le concombre et la tomate. Pour les prunes il s’agit d’un retour au plein potentiel de production après 2 années 2021 et 2022 très déficitaires.
Les conditions de sécheresse et de chaleur qui prévalent durant une partie de la campagne, et plus particulièrement sur le territoire du Roussillon, ont néanmoins des conséquences sur la qualité des produits. En effet, une production excessive de petits calibres, moins rémunérateurs (abricot, pêche et nectarine), ou une faible valeur gustative des variétés précoces, contribuent à détourner durablement la demande de certains consommateurs.
La campagne 2023, illustre encore une fois, la grande exposition de la filière fruits et légumes, aux aléas météorologiques et commerciaux.
Les conditions peu estivales des mois de juillet-août sur une grande partie nord du territoire national, conjuguées à la relative désaffection des touristes pour le sud de la France après la spectaculaire canicule de l’été 2022, pèsent sur la consommation des fruits et légumes d’été produits en Occitanie.
La situation est accentuée par la forte concurrence internationale, avec en particulier le retour de l’Espagne à des niveaux de production sensiblement supérieurs à ceux de 2022, alors amputés par des gels printaniers. La concurrence, de la Belgique et des Pays-Bas sur des produits comme la tomate et le concombre, limite quant à elle les capacités d’exportation de la production française et contribue à l’engorgement du marché national.
Ce contexte conduit au constat officiel de prix anormalement bas et de crise conjoncturelle pour un certain nombre de produits durant l’été : abricot, melon, tomate, prunes.
La situation se redresse heureusement du fait d’une météo à nouveau favorable pendant les mois de septembre et octobre, permettant d’écouler une partie conséquente de la production dans des conditions de marché un peu plus satisfaisantes (melon et prunes notamment).
En annexe, figurent les résumés des suivis de campagne réalisés par le Réseau des nouvelles des marchés (RNM).
Sources : statistique agricole annuelles, estimations Sriset et suivi RNM
Figure 12 : Comparaison des rendements régionaux 2022 et 2023 avec le rendement décennal 2013
Prairies et fourrages : une production contrastée
En début de campagne, la production fourragère est très contrastée. Elle est en partie normale voire excédentaire sur le nord de l’Occitanie au mois d’avril quand elle est déficitaire sur le golfe du Lion et sur le bassin toulousain.
Les orages ponctuent le mois de mai, apportant des précipitations hétérogènes. L’humidité des sols côté ouest-pyrénéen, aveyronnais et lozérien est supérieur à la normale, ailleurs ils sont en état de sécheresse.
Au mois de juin, la majeure partie de la région présente de nombreux épisodes pluvieux. Les sols sont devenus légèrement plus humides que la normale sur une grande partie de la région, à l’exception du pourtour méditerranéen qui reste très sec. Le déficit fourrager est présent sur le golfe du Lion et sur l’ouest de la région (vallées et terrasses garonnaises, Lomagne et coteaux du Gers). En revanche, le reste de la région est excédentaire avec des conditions qui sont très favorables aux fenaisons, ce qui permet de reconstituer les stocks fourragers sur les exploitations.
Au début de la période estivale la situation reste très défavorable en zone méditerranéenne. La pousse de l’herbe reste excédentaire sur le nord de l’Occitanie et sur l’ouest de la chaîne pyrénéenne.
Au mois d’août, la sècheresse s’installe sur l’ensemble de la région sauf le Nord et le Sud-Ouest qui sont épargnés. La production fourragère est même très excédentaire dans le Gers et sur le sud du Massif central.
En septembre, les températures se maintiennent au-dessus des normales de saison et avec des précipitations qui restent insuffisantes. La reprise végétative automnale est impactée.
Le mois d’octobre est particulièrement doux. La pluviométrie régionale est légèrement déficitaire, avec néanmoins un contraste important entre l’Ouest et les Cévennes bien arrosés et le Sud qui reste pénalisé.
In fine, la pousse annuelle de l’herbe est déficitaire dans le centre est, le sud de la région et de façon encore plus marquée au niveau de l’arc méditerranéen. Elle est excédentaire sur l’ouest et le nord du territoire.
Sources : Agreste – ISOP – météo France – INRAE – estimations SRISET – INSEE
Élevage : une conjoncture économique plus favorable dans un contexte de repli structurel
Ce secteur est en recul structurel depuis plus d’une dizaine d’années (baisse de 21% du nombre d’élevages dans la région de 2010 à 2020). Les cheptels bovin et ovin connaissent un repli de l’ordre de 6% en 2021 et 2022. En 2023, le nombre d’animaux abattus dans la région régresse encore de 10%.
L’année climatique, est moins défavorable qu’en 2022 pour les ruminants avec une production fourragère satisfaisante voire excédentaire sur l’ouest et le nord de la région. L’arc méditerranéen reste quant à lui très affecté par la sécheresse, Les cours de l’alimentation animale se stabilisent sur l’année, tandis que les prix des différentes productions continuent leur progression de 3 à 5% pour les ruminants et même plus de 20% pour les porcins qui connaissent une année exceptionnelle (IPPAP, tab 1 et fig.2).
Au niveau sanitaire, si la situation semble stabilisée pour les palmipèdes avec le démarrage de la vaccination contre la Grippe aviaire à l’automne, ce n’est pas le cas pour les bovins qui pâtissent des conséquences de la maladie hémorragique épizootique (MHE). Celle-ci a engendré des coûts vétérinaires supplémentaires pour les éleveurs, et des pertes économiques liées aux difficultés d’exportation (un fonds d’urgence de 50 millions € est mis en place à l’échelle nationale en 2024 pour atténuer ces impacts).
Bovins viande : effectifs régionaux et abattages en baisse comme en 2022
Entre 2022 et 2023, l’Occitanie enregistre une baisse de -10% des volumes abattus de bovins, plus marquée que la baisse du niveau national de -5%.
Les cours restent globalement hauts mais ceux de la vache dégringolent sur le dernier trimestre 2023.
Selon le Kantar Worlpanel, la baisse de la consommation de viandes de bœuf des ménages français se poursuit mais ralentit à –2,9% en 2023.
Les exports régionaux de broutards diminuent de -8.6% entre 2022 et 2023. Les grosses chaleurs de l’été ralentissent la sortie des jeunes bovins. Les marchés sont ensuite perturbés par l’apparition de la MHE à partir de septembre.
Bovins lait : la baisse des volumes se poursuit…
La production de lait de vache livré à l’industrie atteint 568 millions de litres en 2023. Ce volume est en repli de 7,6% par rapport à 2022 et de 14,6% par rapport à la moyenne 2018-2022. La part en agriculture biologique est de 8,5% en 2023 alors qu’elle était de 8,8% en 2022. Elle reste au-dessus de la moyenne quinquennale 2018-2022 qui atteignait 7,5%. Le prix moyen du lait payé aux producteurs progresse de 7% pour atteindre 452 €/1000l en 2023. Le prix du lait Bio profite de la même croissance (+8%) après une période de stagnation entre 2021 et 2022 où il n’a pas suivi la progression des cours du lait conventionnel.
Ovin viande : les abattages sont en légère baisse et les cours continuent leur envolée
Avec 20,4 milliers de tonnes, le volume total d’ovins abattus dans la région est en recul de -10,7%. La pénurie de l’offre à l’international comme celle des cheptels français s’accentue en 2023. Dans ce contexte, le cours de l’agneau continue de progresser et atteint des niveaux records en dépassant les 9 € / kg de carcasse. Côté consommateur, selon le Kantar Worlpanel, à l’instar de la viande de bœuf, la baisse de la consommation de viande ovine des ménages français se poursuit à hauteur de -2% en 2023.
Ovins et Caprins lait : volumes stables et légère baisse du Bio
Les volumes livrés à l’industrie en 2023 sont stables par rapport à 2022 et se situent au niveau de la moyenne quinquennale 2018-2022 à hauteur de 220 millions de litres. L’Occitanie conserve son rang de première région de France productrice de lait de brebis. La part du lait en agriculture biologique régresse très légèrement pour atteindre 13,7% de la production régionale quand cette proportion était de 14,2% en 2022.
En caprin lait, la tendance est comparable à celle constatée pour les ovins. Les volumes sont stables par rapport à 2022 et la part du lait en agriculture biologique s’amenuise très faiblement pour descendre à 4,9% de la production régionale alors que celle-ci était de 5,5% en 2022.
Palmipèdes gras : amélioration de la situation sanitaire et reprise des abattages
Après deux années de baisse liée au contexte défavorable de la crise de l’Influenza Aviaire, la situation sanitaire s’améliore en 2023 avec la mise en place des mesures de biosécurité et d’une campagne de vaccination depuis le mois d’octobre. Avec près de 4,4 million de têtes, l’effectif régional de canards gras abattus repart à la hausse (+20% entre 2022 et 2023). Il reste cependant inférieur aux effectifs abattus avant crise sur une période similaire (-20% par rapport à la même période en 2020).
Porcins : des volumes en léger repli, des cours qui atteignent des niveaux records avant de revenir à la normale en fin d’année
Après deux années stables, l’activité d’abattage régional connaît un léger reflux en 2023 de -4% avec 89 milliers de tonnes équivalent carcasse. A noter que pour cette filière, les animaux abattus proviennent, pour une partie significative (environ 40%), de l’extérieur de la région. Les cours en début d’année 2023 sont très favorables dépassant parfois les 2,5€ / kg de carcasse en mars, avril et juillet.
Comme pour les bovins et les ovins, selon le Kantar Wolrdpanel, la consommation est, elle aussi, en baisse de -3,3% pour le porc frais et de -1,8% pour les charcuteries en 2023.
Sources : Institut de l’élevage - Agreste – BDNI –- Panel Kantar Worldpanel - FranceAgrimer - Enquêtes auprès des abattoirs – Enquête mensuelle laitière – Estimation Sriset
Revenus agricoles : une situation difficile qui impacte plus fortement les grandes cultures et la viticulture
Les estimations des revenus 2023 ne seront disponibles que plus tardivement dans l’année. A la lumière des éléments du bilan 2023 présentés ci-dessus, on peut raisonnablement supposer qu’elles seront inférieures aux résultats de 2022 pour la plupart des filières. La viticulture et les grandes cultures, dont les cours des prix agricoles baissent, sont les plus impactées.
L’analyse des données du réseau d’information comptable (RICA) sur la période 2018-2022 permet de dresser un constat de la situation des exploitations agricoles de la région avant la clôture des comptabilités 2023.
Un revenu moyen très inférieur à la moyenne nationale
Toutes orientations technico-économiques confondues, la moyenne régionale pour l’Occitanie du résultat courant avant impôt (RCAI) par unité de travail non salarié (UTANS) pendant les années 2018 à 2021 s’élevait à 60% de la moyenne nationale (France métropolitaine). Ce niveau traduit en particulier les conditions difficiles de la production agricole en Occitanie : rendements plus faibles des grandes cultures, importance des zones défavorisées (Massif Central, Pyrénées), part plus faible de la production viticole tournée vers le haut de gamme, etc. En 2022, ce ratio s’est effondré à 40% : alors que le RCAI par UTANS progressait de 33% à l’échelle nationale, il baissait de 17% pour la région. Les explications sont variables selon les filières et sont détaillées ci-après.
Une filière grandes cultures qui n’a pas pu exploiter pleinement le potentiel offert par un contexte économique favorable
En grandes cultures, la sécheresse de 2022, particulièrement marquée en Occitanie, a provoqué une forte baisse des rendements, qui a empêché la filière régionale de tirer pleinement profit de conditions de marché (prix) alors très favorables. Le RCAI par UTANS baisse ainsi de -11% entre 2022 et 2021 en Occitanie quand celui-ci augmente de +10% en France métropolitaine.
Très fort recul du revenu en viticulture
En viticulture, Le RCAI par UTANS régional reculait de 12,5% entre de 2021 à 2022 alors qu’il progressait de 55% au niveau national. Il chutait ainsi de 40% de la moyenne nationale en 2018-2021 à seulement 25% en 2022.
Une situation comparable à la situation nationale pour les ovins et les caprins
La filière ovin-caprin, dont une part significative se situe en Occitanie, subit une dégradation comparable à celle qui est constatée au niveau national. Les exploitations régionales enregistrent ainsi une baisse du RCAI par UTANS de -20% entre 2021 et 2022 à l’instar de l’évolution constatée en France métropolitaine. Le niveau moyen de RCAI par UTANS des exploitations ovines et caprines régionale en 2022 reste ainsi équivalent au niveau moyen français.
Pour en savoir plus
Bilan de conjoncture économique Occitanie 2023, Insee
https://draaf.occitanie.agriculture...
https://draaf.occitanie.agriculture...
https://rnm.franceagrimer.fr/bilan_...
https://www.oiv.int/fr
https://occitanie.chambre-agricultu...
https://visionet.franceagrimer.fr/P...
https://donneespubliques.meteofranc...
https://www.brgm.fr/fr
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