Témoignage de Ginette Kolinka, déportée dans les camps de la mort nazis, devant les élèves du lycée agricole Pierre-Paul Riquet de Castelnaudary
Déportée dans les camps de la mort nazis, Ginette Kolinka témoigne depuis plus de 20 ans des horreurs de la Shoah.
Durant 3 jours Ginette Kolinka a témoigné de l’indicible devant les élèves du lycée agricole Pierre-Paul Riquet de Castelnaudary. Aujourd’hui âgée de 99 ans, Ginette Kolinka fait partie des dernières survivantes des camps d’extermination nazis. Déportée en 1944, elle a survécu aux camps d’Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen et de Theresienstadt où elle fut libérée par les soldats de l’Armée rouge au printemps 1945. Sa parole, ses mots et son récit valent tous les cours d’histoire.
À cette occasion, les élèves ont organisé la plantation d’un arbre du souvenir pour graver à jamais la venue de Ginette Kolinka dans leur établissement. L’arbre choisi un savonnier, ce à quoi Mme Kolinka a répliqué : "Un savonnier pour quelqu’un qui ne s’est pas lavé pendant 15 mois, je ne risque pas d’oublier !".
Mila, Baptiste et Clément, trois lycéens, ont choisi de rendre compte de cette rencontre exceptionnelle. _ Trois regards pour une même et réelle admiration et un profond respect, à l’heure où dans plusieurs parties du monde, la haine de l’autre reste vivace.
Un grand merci à tous les enseignants qui se sont mobilisés et rendre ces journées inoubliables pour les jeunes. 3 d’entre eux ont souhaité témoigner de cette expérience.
Mila, élève en première Conduite et gestion de l’entreprise hippique
"Avec le sourire et même avec un brin d’humour, Ginette raconte son histoire, de son enfance jusqu’à la fin de la guerre.
Sa famille, d’origine juive, vit à Paris où son père exerce le métier de tailleur. Elle a 19 ans lorsqu’elle est arrêtée à Avignon par la Gestapo le 13 mars 1944 en compagnie de son père, l’un de ses frères et un neveu, suite à une dénonciation. Internés à Drancy, ils sont transférés au camp d’Auschwitz le mois suivant, dans le même convoi que la jeune Simone Veil. Dès leur arrivée, son père et son frère sont envoyés à la chambre à gaz.
Certaines paroles sont dures à entendre, pourtant, les émotions se devinent plus qu’elles ne se voient sur le visage de Ginette Kolinka. Ce sont dans les yeux des élèves que les larmes sont retenues, face à cette survivante de la déportation, une femme forte à l’esprit clair.
Après une série de questions, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que les élèves peuvent retourner en cours, le cœur rempli d’émotions et d’images historiques. Ginette Kolinka continue de parcourir la France et de livrer son témoignage à la dernière génération qui pourra l’écouter. Sans peine, sans colère, elle ne demande qu’une chose à son public : porter sa parole aux générations futures".
Clément, élève de terminale en aménagement paysager
"Nous avons pu entendre Ginette Kolinka parler de l’horreur des camps d’Auschwitz-Birkenau et de Bergen-Belsen, mais aussi de l’humiliation perpétuelle, de la torture émotionnelle et physique subies. Elle a également retracé son parcours et toutes les étapes horribles qu’elle a endurées.
Les élèves de la filière aménagement paysager ont également planté un savonnier dans le patio du lycée afin que l’on se souvienne de la venue dans notre établissement de Ginette Kolinka, rescapée des camps d’extermination nazis. Ce fut un moment solennel et très touchant accompagné par une interprétation à la trompette du Chant des Marais (Chant des déportés) par notre enseignant M. Dupuy.
La présence de Ginette Kolinka dans l’établissement restera un moment - pour beaucoup d’entre nous et nous la remercions chaleureusement d’être venue jusqu’à Castelnaudary."
Baptiste, élève de première en aménagement paysager
"J’ai eu la chance et le privilège d’obtenir une entrevue avec Ginette Kolinka rescapée
des camps de la mort d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Bergen-Belsen (Allemagne).
Au cours de cet entretien, j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur la condition juive en France durant l’occupation par l’Allemagne nazie (1940-1944). Et surtout sur la vie de Ginette Kolinka, née Cherkasky en 1925 à Paris, d’abord contrainte de porter l’étoile jaune à Paris puis de fuir à Avignon en zone libre avec sa famille.
Elle est arrêtée le 13 mars 1944, internée au camp de Drancy avant sa déportation vers Auschwitz-Birkenau.
Au cours de cette entrevue, Ginette m’a raconté toute les horreurs qu’elle a vécu durant son internement de 7 mois, de la mort de son père et de son frère aux travaux forcés en passant par l’alimentation, l’hygiène et la violence quotidienne orchestrée par les nazis. Durant cette période d’internement, Ginette a vraiment eu l’impression que son humanité lui avait été dérobée.
Durant l’entrevue, Ginette m’a bien expliqué l’importance de transmettre aux générations futures son témoignage pour que jamais ne l’on oublie à quel point "l’homme peut être cruel".