1 ère unité de méthanisation agricole dans l’Hérault
Publié le 28/06/2022
Le 17 juin 2022 a eu lieu l’inauguration de l’unité de méthanisation Biomethagri34, une première en terre Heraultaise en terme de méthanisation agricole en injection de gaz vert (biométhane).
Le projet de la famille Carrier comprenant le père et les 2 frères, Aurélien et Béranger, à Florensac dans l’Hérault, s’est finalisé cet hiver, en seulement 3.5 ans de préparation alors que la plupart des projets de ce type, sont beaucoup plus long (10 ans environ). A présent, l’unité de méthanisation produit de l’énergie renouvelable (EnR) et un produit agronomique.
La production énergétique correspond, à un gaz vert (EnR), appelé biométhane qui alimente le réseau de gaz GRDF à raison de 100 m3/h (équivalent au besoin de 1 700 foyer).
La production agronomique correspond à un engrais naturel, appelé digestat, destiné à remplacer les engrais de synthèses nécessaires pour les 450 ha de cultures de l’exploitations agricole. Ce digestat riche en nutriments NPK (azote, phosphore, potassium), couvre près de 70% des besoins en engrais avec la partie liquide. Quant à la partie solide, elle constitue une sorte de compost agissant sur la restructuration les sols qui sont souvent mis à mal par les lessivages dus aux fréquentes inondations hivernales dans cette région (sorties de l’Hérault lors des épisodes cévenoles).
Ces 2 types de production sont le résultat de la méthanisation, ou fermentation anaérobie de lactosérum, et de cultures intermédiaires à vocation énergétiques (CIVE) dans 2 fermenteurs avec un temps de séjours de 90 jours au global, maintenus à 41°c, avec un ph neutre (7). Le volume des intrants est de 30T/j soit environ 10 500T/an. La technique de méthanisation choisie est en infiniment mélangé. Le lactosérum est introduit en petite quantité dès le broyage des CIVE, puis, il est rajouté progressivement pour obtenir un mélange liquide dans les digesteurs.
Le temps de séjour du mélange est assez long, mais assure la complète fermentation du substrat (mélange de lactosérum et CIVE).
Le choix de 2 digesteurs indépendants permet d’assurer une production minimale de biogaz en cas d’incident technique.
Aucune de cultures énergétique dédiée n’est introduite dans les méthaniseurs. Le choix des CIVE, a été sélectionné d’abord dans un souci agronomique, pour compenser l’appauvrissement des sols de l’exploitation qui préoccupaient les agriculteurs de l’exploitation depuis plusieurs années. En effet, les CIVE assurent une couverture des sols quasi permanente (10 mois /12) et évitent ainsi le lessivage des sols lors des inondations hivernales. Il s’agit de couverts végétaux entre 2 cultures principales, qui ne nécessitent pas de travail du sol (abs de GES), ni de désherbage puisque dans le digestat, les mauvaises herbes (adventices) sont détruites lors de la fermentation. Ainsi, les CIVE représentent un intérêt agronomique. Elles agissent pour stabiliser les sols avec une emprise racinaire profonde capable de retenir la terre lors des inondations, structurent mieux les sols, limitent le risque de lixiviation des nitrates, favorisent le stockage de carbone, et font concurrence aux adventices. Suivant les variétés (ex. légumineuses), les CIVE peuvent aussi enrichir le sol en azote pour la culture suivante. Enfin, la biomasse des CIVE est exportée du sol pour alimenter le méthaniseur et participe en tant que substrat à la production de biogaz et d’engrais naturel (digestat) qui sera restitué, par la suite au sol. Dans cette exploitation, les CIVE couvrent 1/3 des surfaces cultivées.
En partant d’une problématique agronomique, l’exploitation Carrier dotée de cette unité de méthanisation, contribue à la transition énergétique et agro-écologique. La contractualisation d’un prix de vente sur quinze ans, assure une sécurité de revenu à l’exploitation. Cette évolution fait sens pour ces jeunes agriculteurs, car elle permet la création de deux emplois, la production d’un gaz renouvelable, sans aucune culture dédiée, et elle représente un levier vers une exploitation plus agro-écologique avec la production d’un engrais naturel, la réduction des herbicides, et la préservation du stockage de carbone des sols.
Ce projet de 5 M€ a bénéficié de 648,5 k€ d’aide Région et de 648,5 k€ Ademe. Il a été accompagné par le Crédit mutuel, le CIC et ARTIFEX, Biogaz PlanET France et SOLAGRO.
Ce projet s’inscrit dans l’agronomie et la circularité. L’Installation vertueuse a facilité son acceptabilité par les riverains et les acteurs du territoire.
La réussite et la performance de ce projet porté par la famille Carrier, fait de ce projet, un vecteur d‘une agriculture plus responsable et plus durable, intégrée dans son territoire et aux services de ses habitants.